Faute de fonds, le collectif citoyen La Quadrature du Net pourrait être amené à cesser son combat, prévient dans un billet du 21 janvier Benjamin Bayart, président du French Data Network (FDN) et véhément partisan du principe de neutralité du Net.
Organisation fondée en 2007, la Quadrature du Net doit l'essentiel de sa notoriété actuelle à l'intense effort de lobbying fourni lors des débats liés à la loi Hadopi, aujourd'hui votée et promulguée. Le collectif a lancé divers appels au don ou à la contribution ces derniers mois par l'intermédiaire de son porte-parole, Jérémie Zimmermann.
« Pour le moment, La Quadrature du Net vit de beaucoup de bénévoles, et de quelques personnes à temps plein (au sens associatif du terme). Il faut nécessairement que ce soit adossé sur des salaires. Et donc il faut des fonds », expose Benjamin Bayart. « Sur un rythme comme celui-là, c'est simple, il faut arrêter. Finir ce qu'on peut des luttes en cours sur le budget déjà en caisse (pas négligeable, mais on n'atteindra pas l'été), et passer à autre chose ».
« Il n'a jamais été secret que le financement de La Quadrature venait, en très grande partie, de l'Open Society Institute », l'une des organisations soutenues par George Soros, le milliardaire accusé d'avoir fait sauter la banque d'Angleterre dans les années 90. « Cependant, si l'OSI est le seul organisme à penser que les luttes pour un Internet neutre et libre valent le déplacement, et si personne n'est prêt à mouiller la chemise (et à sortir le portefeuille), alors il faut peut-être arrêter », regrette encore le président du FDN, qui gère la partie administrative des activités du collectif.
La Quadrature, qui définit sa mission comme la promotion d' « une vision éthique des technologies numériques fondée sur l'accès aux connaissances, l'innovation et l'ouverture, plutôt que sur le contrôle et les restrictions d'usage », propose sur son site une page dédiée au soutien financier des internautes.
D'Hadopi aux conclusions contestées de la mission Zelnik en passant par les dossiers Loppsi et ACTA, il est certain qu'une mission d'information se voulant exhaustive autour des lois touchant à l'avenir d'Internet en France demandera du temps et de l'argent. « Les nerfs des batailles sont les pécunes », disait Gargantua.