Le répertoire de logiciels open source SourceForge.net se trouve au coeur d'une polémique. En effet, sur son blog officiel, l'équipe tente de clarifier ses conditions générales d'utilisation et explique que la loi des Etats-Unis oblige le site à filtrer le contenu en provenance de certaines régions ainsi que les téléchargements. Concrètement, les développeurs résidant en Iran, en Corée du Nord, à Cuba au Soudan ou en Syrie n'ont aucun droit d'accès à SourceForge.net.
En revenant sur ses motivations pour jouer un rôle majeur dans la distribution de logiciels libres ou open source, l'équipe de SourceForge explique : « cependant, en plus de participer à la vie de la communauté open source, nous vivons également dans un monde réel et sommes gouvernés par les lois de notre pays. Notre devoir d'obéir à celles-ci dépasse de loin tous nos rêves de créer une communauté unie ».
L'organisme américain de contrôle financier OFAC (Office of Foreign Assets Control) a en effet dressé une liste des personnes et pays qui ne doivent en aucun cas accéder à des produits américains. Pour cette raison « la semaine dernière, SourceForge.net a commencé à bloquer automatiquement certaines adresses IP pour forcer ces conditions d'utilisation ».
Cette initiative soulève de nombreuses questions, à commencer par savoir si les contenus mis en ligne sur SourceForge.net peuvent véritablement être considérés comme des produits américains. De plus, pour beaucoup les conditions générales de SourceForge ne respectent tout simplement pas la définition-même du terme open source selon laquelle aucune descrimination ne doit être pratiquée.
Soulignons l'ironie de la situation quelques jours après que la sécrétaire d'état Hillary Clinton s'est exprimée au sujet des cyber-attaques subies par Google et démenties par la Chine. Elle déclarait ainsi : « les pays ne respectant pas l'accès libre aux informations ou violant les droits fondamentaux des internautes risquent de se fermer les portes du progrès du prochain siècle ». Elle ajoutait : « l'année dernière, nous avons observé un pic des menaces ciblant le libre échange des informations. La Chine, la Tunisie et l'Ouzbékistan ont pris des mesures pour censurer l'Internet ».
SourceForge.net semble alors pris entre deux feux et le filtrage des adresses IP pour forcer ces conditions générales semblent avoir plutôt refroidi la communauté des développeurs.