De l'avis même de NVIDIA, les technologies qui permettent aujourd'hui de basculer du contrôleur intégré à la carte graphique dédiée sur un ordinateur portable présentent un défaut majeur : du fait d'une activation manuelle, requérant une action de l'utilisateur, elles ne sont pour ainsi dire jamais employées. Fort de ce constat, le fabricant a élaboré une évolution de son Hybrid Power, qui permet désormais d'effectuer la bascule d'une puce vers l'autre de façon automatique et transparente, afin que la machine exploite sans intervention particulière la carte graphique si la puissance de cette dernière est utile. Nom de code : Optimus.
« L'idée, c'est qu'il faut que cela fonctionne comme avec une voiture hybride. Lorsque vous conduisez une Prius, vous ne vous souciez pas de savoir quel moteur est actif : tout ce que vous voyez, c'est que la consommation globale diminue mais que vous disposez tout de même de toute la puissance désirée lorsque vous voulez accélérer », a expliqué René Haas, chef de produit portables chez NVIDIA, de passage à Paris fin janvier pour présenter Optimus.
Sur une machine compatible Optimus, il n'est donc plus nécessaire de choisir manuellement entre contrôleur graphique intégré (IGP) et carte graphique dédiée (GPU). Le travail est effectué au niveau des pilotes, par l'intermédiaire d'une simple couche logicielle gérée par NVIDIA. Le fabricant tient à jour une liste des applications susceptibles de requérir la puissance du GPU (jeux, ou utilitaires tirant parti de la puissance de calcul de la carte graphique), et ne fait activer ce dernier que si l'un de ces logiciels est lancé par l'utilisateur. Ce dernier conserve bien sûr la main sur le fonctionnement de la machine, et peut s'il souhaite préserver son autonomie, choisir de lancer un jeu sur l'IGP, via un onglet dédié des pilotes graphiques du système.
Au niveau hardware, c'est dans tous les cas la sortie vidéo de l'IGP qui sera utilisée. Ainsi, le GPU peut être complètement éteint - et non simplement laissé en veille - lorsqu'il n'est pas utilisé. Si son activation est requise, les données qu'il produit sont transférées via PCI-Express à l'IGP, qui se charge alors de les restituer à l'écran. Une solution élégante, qui présente en outre l'intérêt de faciliter l'intégration au sein d'un ordinateur portable, puisqu'il n'est pas nécessaire d'ajouter de composant dédié à la bascule de l'affichage.
En théorie, toute carte peut tourner en mode Optimus. Pour éviter que les calculs prennent du retard le temps que les données soient renvoyées vers l'IGP, NVIDIA fait toutefois appel à une fonctionnalité présente dans ses GeForce Mobile depuis la série des 200M : le « Copy Engine » qui, de façon asynchrone par rapport aux unités de traitement se charge de faire passer le résultat des calculs vers la mémoire système.
Dans les faits, la transition se fait bien de façon automatique, pour peu qu'on lance une application enregistrée dans les profils NVIDIA. Contrairement aux solutions manuelles, qui impliquaient parfois un délai de plusieurs secondes avant que le changement soit effectif, la bascule est ici immédiate, ou presque, n'entrainant qu'un léger clignotement de l'écran.
Au niveau de la compatibilité, NVIDIA indique que ses actuelles GeForce 200M et 300M savent gérer la bascule Optimus, tout comme le feront les prochaines « Fermi » mobiles, ainsi que la prochaine évolution de la plateforme ION. L'ensemble est en mesure de fonctionner sur toutes les plateformes Intel associées aux processeurs Core 2 Duo, Core i3 / i5 / i7, ainsi que sur « Pinetrail », le récent chipset dédié aux processeurs Atom N4xx.
Bien que le bon fonctionnement d'Optimus soit subordonné à la mise à jour régulière des profils fournis par NVIDIA, le fabricant trouve ici un bon moyen de renforcer l'attrait d'un GPU dédié dans une machine portable et prend, sur le terrain du confort d'utilisation, une longueur d'avance sur le PowerXPress de son concurrent AMD, moins souple. Dans un premier temps, Optimus devrait être proposée au travers de quelques références Asus, à commencer par le UL50vf. NVIDIA affirme toutefois qu'on devrait la retrouver, identifiée par un autocollant dédié, sur une cinquantaine de machines, présentes sur tous les segments de marché (joueurs, grand public, ultraportables) d'ici l'été.