« Internet ne peut pas être quelque chose d'ouvert où tout peut être dit et fait. Chaque pays doit appliquer ses propres règles et normes. » Déjà sous surveillance à cause des ses atteintes à la liberté de la presse - avec fermetures et retraits d'autorisation de médias privés indépendants à la clé - le président vénézuélien Hugo Chavez s'attaque cette fois-ci directement au web ouvert.
Le pari est risqué, car si les médias nationaux sont faciles à contrôler ou à fermer, le web est mondialisé, et des attaques de l'extérieur sont toujours possibles. Mais Chavez est un président irrité : il cite notamment le site Noticierodigital, sur lequel un billet a suggéré pendant deux jours que Diosdado Cabello, un ministre et proche du président, avait été assassiné. Ce qui, de fait, est faux.
Raison suffisante pour instaurer des mesures de contrôle du niveau de la Chine, de Cuba ou de l'Iran ? Pas dit, mais pour Chavez, « nous devons agir. Nous allons demander l'aide du procureur général, parce que c'est un crime. » Le président assure même avoir ce site à l'oeil en raison « d'articles appelant à un coup d'Etat ». Selon les médias locaux, il aurait demandé aux autorités compétentes de prendre des mesures contre Noticierodigital.
Autres sites dans la ligne de mire d'Hugo Chavez : Twitter et Facebook, rien de moins. Le problème de ces réseaux sociaux pour le président : « les gens les utilisent pour répandre des rumeurs infondées. » Il y a quelques semaines déjà, il avait traité Twitter « d'outil de terreur ».
Si le président vénézuelien est connu pour son franc-parler et son goût de la provocation, le risque existe qu'il mette ses menaces en pratique. Côté médias, il a généralement tenu parole, en commençant par fermer des radios et des télévisions trop critiques à l'égard du pouvoir. En août dernier, 34 stations ont été interrompues sur des bases administratives, alors que dans le même temps les télévisions chavistes sont sur-représentées sur les réseaux.