Pour certains, l'annonce résonne comme un parricide, mais Songbird assume : la prise en charge de sa version Linux ne sera plus assurée par l'éditeur du logiciel musical open source. « Certains pourraient se demander comment une entreprise avec des racines solidement ancrées dans le monde open source peut se débarrasser de sa version Linux. » Une décision qui n'est pas prise « sans peine », mais « nous avons une petite équipe chez Songbird, et nous devons rester plus que jamais concentrés sur un éventail restreint de priorités. »
Et ces priorités s'appellent désormais Windows et Mac OS. La future version de Songbird, qui répond au nom de NOFX, sera disponible en version release candidate entre le 23 et le 25 avril sur les deux systèmes, et en version finale entre le 26 et le 30. Plusieurs fonctionnalités sont annoncées, comme la prise en charge de la vidéo : importation, gestion de la bibliothèque, et lecture en plein écran. Autre annonce : la compatibilité à 100% avec Windows 7.
La présence d'Amarok et Rhythmbox pourrait expliquer les difficultés de Songbird à percer sur Linux. Pourtant, Mac OS X et Windows sont aussi deux challenges pour Songbird, puisqu'il existe des multitudes de lecteurs musicaux. Sur Mac, iTunes lit non seulement la musique, mais gère aussi la bibliothèque et se veut un portail musical en ligne, avec l'iTunes Store. C'est justement cette notion de portail que vise Songbird, qui a déployé depuis le début les solutions de lecture en streaming (Last FM) ou de téléchargement de musique en ligne (Jamendo, 7digital store).
Tout en déclarant « rester loyal à Linux et à l'idéologie qu'il représente », Songbird se contentera désormais de conserver une version utilisable pour ses développeurs et la communauté. Des builds seront toujours disponibles sur le wiki du site, mais « aucune ne sera officiellement prise en charge, et les nouvelles fonctionnalités n'y seront pas implémentées. »
Songbird a rapidement essuyé les critiques, et a répondu dans le week-end « à ceux qui ont fait connaître leur déception tout en conservant un ton courtois. » L'éditeur s'est déclaré « compatissant », mais a souhaité « clarifier certains points : Songbird reste open source ». Une façon de dire « Faîtes-le vous-même ? » Songbird justifie cette politique par quelques chiffres : 80% de ses utilisateurs sont sur Windows, 10% sur Mac OS et 10% sur Linux (versions 32 et 64 bits confondues). Des statistiques qui expliquent difficilement le choix de Mac OS plutôt que Linux, sauf que pour celui qui se veut l'iTunes-killer, il semblerait que rester dans la course face au logiciel d'Apple soit une priorité plus forte que le système d'exploitation open source.