Google vient d'officialiser et d'ouvrir son système de paiement en ligne, qui ne s'appelle finalement pas GBuy ou Google Wallet, comme avaient choisi de le surnommer certains analystes, mais Checkout, soit littéralement « caisse de sortie » dans la langue de Molière. Si Google se défend de vouloir réellement tenter de faire de l'ombre à Paypal, détenu par eBay, les fonctionnalités des deux services sont similaires. Mais Checkout présente un intérêt supplémentaire : ce service va permettre à Google de renforcer l'attractivité de son système de liens sponsorisés publicitaires, source de la quasi-totalité de ses revenus.
Checkout, du côté de l'acheteur
Checkout n'est dans un premier temps proposé qu'aux commerçants en ligne américains, mais Google n'exclut pas un lancement mondial. Rappelons, pour ceux qui ne connaissent pas Paypal, que ce type service se présente comme un intermédiaire chargé des interactions entre la banque et le commerçant. Il évite donc à l'internaute de communiquer directement ses coordonnées bancaires aux sites de vente en ligne. Chez Google, l'utilisation de Checkout passe par la création d'un compte Google, et l'enregistrement de ses coordonnées via un simple formulaire.
Lors d'un achat en ligne chez un commerçant partenaire de Google, l'internaute est renvoyé vers les serveurs de Checkout pour que la transaction y soit validée. A son niveau, le montant de la transaction reste inchangé, les éventuels frais supplémentaires étant pris en charge par le commerçant. « En intégrant ce processus de caisse de sortie à la démarche de la recherche en ligne et à la publicité, nous aidons nos usagers à boucler le cycle 'je recherche, je trouve, j'achète' », indique Salar Kamangar, responsable du développement de produit chez Google. Objectif : que Google soit présent à toutes les étapes de ce cycle.
Checkout, du côté du commerçant
Les avantages d'un tel système sont multiples pour le commerçant. Tout d'abord, il évite les frais éventuellement induits par la transaction bancaire directe. Ensuite, il se défausse de toute responsabilité en cas de problème lors du paiement, celui-ci étant techniquement assuré par l'intermédiaire. Enfin, il est susceptible de recevoir les faveurs des utilisateurs de l'intermédiaire en question, au détriment par exemple d'un site concurrent qui ne proposerait que le paiement direct. La contrepartie, évidente, est que le service n'est pas gratuit pour le commerçant. Non loin de ce que supposaient certains analystes (voir Le GBuy de Google se précise quelque peu), Google facture, pour une transaction, 2% du montant de cette dernière plus 0,20 dollar. La firme de Mountain View se positionne donc avec des tarifs légèrement plus intéressants que ceux proposés par Paypal.
Google ne s'arrête pas là, et propose aux commerçants qui le souhaitent, des réductions sur l'utilisation de Checkout s'ils utilisent le service publicitaire Adwords. Pour une somme donnée, dépensée en un mois via Adwords, Google autorise le commerçant à percevoir gratuitement via Checkout jusqu'à dix fois cette somme. Associer son programme publicitaire, déjà utilisé par de nombreux commerçants, à son nouveau service de paiement en ligne permet à Google de proposer une solution globale relativement attractive, qui pourrait porter préjudice à la concurrence. Le moteur s'est d'ailleurs entouré, pour le lancement de Checkout, de partenaires prestigieux comme l'incontournable Buy.com par exemple.
De la même façon que Google souhaite accompagner l'internaute dans chacune des étapes qui conduit à une transaction en ligne, la société cherche à fidéliser les commerçants et les inciter à lui accorder ses faveurs exclusives. Une politique ambitieuse, qui pourrait porter ses fruits. Le moteur de recherche a mis en ligne sur son service de vidéo un petit film de présentation du service.