Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les dirigeants iraniens vivent bien avec leur époque comme en témoigne la récente cyberattaque de Charlie Hebdo. Mais, visiblement, cela ne s'arrête pas là.
C'est du moins ce que rapporte le Financial Times, auquel certains officiels de la théocratie auraient expliqué que le pays cherchait à moderniser ses institutions religieuses. Ainsi, l’État encourage à se familiariser avec les nouvelles technologies à condition, bien sûr, que cela respecte les règles édictées par l'ayatollah Khamenei.
Ce dernier semble d'ailleurs lui-même très intéressé par le sujet de l'intelligence artificielle, pour laquelle il souhaite que son pays soit l'un des leaders mondiaux. Cette technologie est d'ailleurs loin d'être une nouveauté dans le pays qui possède un laboratoire de développement en la matière. L'Iran l'aurait également utilisée à grande échelle pour réprimer les manifestations de 2022 en réaction à la mort de Mahsa Amini.
Automatiser les fatwas
Mohammad Ghotbi, le dirigeant d'un incubateur d'entreprises de tech iraniennes, est très enthousiaste au sujet de l'intelligence artificielle. Il tient d'ailleurs un discours similaire à celui que l'on peut entendre chez les Occidentaux : « les robots ne peuvent pas remplacer les travailleurs expérimentés, mais ils peuvent jouer le rôle d'assistants ». On a déjà vu la réalité de cette affirmation.
Le meilleur exemple qu'il peut donner concernant l'intérêt de cette technologie sur les affaires du pays concerne les célèbres fatwas. Car le processus traditionnel veut que des ecclésiastiques parcourent des milliers de pages de textes religieux afin de déterminer si, oui ou non, la personne concernée doit être condamnée. Un procédé qui dure généralement une cinquantaine de jours. Mais selon Ghotbi, l'intelligence artificielle permet de ramener ce délai à 5 heures à peine. Le progrès est vraiment en marche.
Cette utilisation surprenante de l'IA rappelle d'ailleurs l'histoire de cet avocat américain qui chargeait ChatGPT de préparer ses dossiers d'accusation… et qui s'en est bien mordu les doigts après.
L'Iran veut devenir un des leaders mondiaux de l'IA
L'IA n'est pas vraiment une nouvelle venue en Iran : au cours des gigantesques manifestations qui ont secoué le pays suite à la mort de Mahsa Amini en 2022, la reconnaissance faciale aurait également été utilisée à grande échelle pour identifier les manifestantes qui avaient l'audace de montrer leurs cheveux. Mais surtout, le pays compte un laboratoire assez avancé sur la question.
Selon le FT, le principal laboratoire d'IA du pays, le centre informatique de Noor pour la recherche en sciences islamiques, travaille en partenariat avec un séminaire religieux de la ville sainte de Qom, et est notamment entraîné grâce aux archives très fournies de textes religieux. Cela peut peut-être donner une IA efficace, mais vu le corpus, on peut imaginer qu'elle soit très différente de ChatGPT et autres chatbots qu'on connaît.
Tout cela, bien sûr, n'est rendu possible que parce que Ali Khamenei lui-même est très enthousiaste sur la question. Il aurait même déclaré souhaiter que son pays soit au minimum parmi les 10 pays leaders mondiaux sur l'IA. À condition bien sûr que son développement respecte les principes de l'islam.
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Source : Futurism, Financial Times