Exemple d'un data center utilisé pour l'IA © Google
Exemple d'un data center utilisé pour l'IA © Google

Avec l'essor sans précédent du secteur de l'IA, la consommation demandée par cette technologie grimpe elle aussi en flèche. Ces niveaux d'énergie pourraient déjà être comparés à ceux d'une nation entière.

Les applications de l'intelligence artificielle étaient autrefois cantonnées à des domaines très restreints. Aujourd'hui, on peut la retrouver (presque) partout : utilisation de clones d'acteurs à Hollywood, modèles génératifs d'images ou de textes (Firefly ou Google Bard par exemple), application dans la grande distribution (Walmart)

Les exemples sont si nombreux que les lister serait une entreprise bien trop longue. Mais cette révolution technologique a toutefois son revers : sa consommation énergétique exponentielle.

Une révolution qui se paie au prix fort

Par rapport aux technologies informatiques plus conventionnelles, l'IA nécessite d'être entraînée à l'aide de colossales banques de données. Celles-ci sont stockées dans d'immenses data centers, très gourmands en énergie électrique.

Selon les recherches d'Alex de Vries, doctorant à la VU Amsterdam School of Business and Economics, si nous continuons sur cette lancée, l'IA à l'échelle mondiale pourrait consommer l'équivalent de 85 à 134 TWh annuels d'ici 2027. Cette quantité considérable équivaut actuellement à la consommation d'un pays de petite taille comme les Pays-Bas. Ce sont seulement des estimations fondées sur les paramètres de croissance actuels, mais elles peuvent tout à fait évoluer à l'avenir.

Les data centers sont très énergivores, mais consomment aussi beaucoup d'eau © Taylor Vick / Unsplash
Les data centers sont très énergivores, mais consomment aussi beaucoup d'eau © Taylor Vick / Unsplash

Implications environnementales et appels à la transparence

L'électricité n'est pas la seule concernée, une denrée encore plus précieuse fait également partie de l'équation : l'eau. En effet, les data centers délivrant des puissances de calcul phénoménales, ils nécessitent un refroidissement en conséquence. Sur ce sujet, les grosses entreprises ont le don de se murer dans le silence pour ne pas divulguer toute la vérité.

Danny Quinn est le directeur de DataVita, une entreprise écossaise fournisseuse de services cloud et de gestion de données. Il explique ainsi à propos des serveurs consacrés aux données :

Un rack équipé de matériel classique consomme environ 4 kW, ce qui correspond à la consommation d'une maison familiale. En revanche, pour du matériel spécifique à l'IA, il faudrait multiplier cette consommation par 20, soit plus de 80 kW. De plus, il faut considérer qu'un seul centre de données héberge des centaines, voire des milliers de racks.

Nous le savons, le géant Microsoft met le paquet sur l'intelligence artificielle. Sur son dernier rapport consacré à la durabilité, la firme explique que sa consommation d'eau a augmenté de 34 % entre 2021 et 2022 pour atteindre l'équivalent de 6,4 millions de m3 d'eau. Cela correspond à la contenance de 2 500 piscines olympiques. Sacré score !

Il ne fait pas de doute que la consommation de ressources du secteur de l'IA sera un enjeu majeur du siècle à venir. Même si elle offre des solutions potentielles pouvant servir la cause environnementale (surveillance accrue des feux de forêt ou réduction des traînées de condensation des avions), ces applications sont pour l'instant minimes par rapport aux impacts potentiellement négatifs qu'elle représente.

Sources : BBC, Microsoft