Vous trouviez que les recherches Google n'étaient pas très écolos ? Attendez de voir ce que consomment les résumés IA

Camille Coirault
Publié le 10 juillet 2024 à 09h24
  Les recherches IA de Google : une technologie verte ? Pas vraiment. © chayanuphol / Shutterstock
Les recherches IA de Google : une technologie verte ? Pas vraiment. © chayanuphol / Shutterstock

Google et bien d'autres géants du secteur technologique se frotte les mains et vantent les mérites de leurs nouveaux outils d'IA. Des technos au coût environnemental très lourd, notamment les résumés par intelligence artificielle.

L'avènement de l'intelligence artificielle chez Google a indéniablement métamorphosé les recherches en ligne, proposant des réponses d'une précision et d'une rapidité sans précédent. Cependant, cette prouesse technologique n'est pas exempte de répercussions environnementales, comme l'IA générative dans son ensemble, d'ailleurs.

Alex de Vries (connu notamment pour ses travaux sur le Bitcoin), fondateur de Digiconomist, révèle une statistique saisissante : chaque requête exploitant un résumé généré par IA engloutit approximativement 3 Wh d'électricité, décuplant ainsi la consommation énergétique d'une recherche traditionnelle. Pour mettre ce chiffre en perspective, il équivaut à l'énergie nécessaire pour soutenir une heure de communication téléphonique.

Cette escalade vertigineuse de la demande énergétique soulève de sérieuses inquiétudes. Les projections de De Vries sont particulièrement alarmantes : si l'IA venait à être systématiquement intégrée à l'ensemble des requêtes Google, la consommation électrique qui en résulterait pourrait rivaliser avec celle d'une nation entière, comme l'Irlande.

Les data centers : voraces mais discrets

Les centres de données, pierres angulaires de l'écosystème IA, amplifient considérablement cette problématique environnementale. Ces installations colossales, indispensables au traitement et au stockage de volumes astronomiques de données, engloutissent des quantités phénoménales d'électricité et d'eau.

Paradoxalement, malgré cette consommation effrénée, une opacité totale persiste quant à leur impact réel. « Nous n'avons aucune obligation de divulguer la quantité d'énergie ou de ressources que ces systèmes d'IA consomment », souligne Merve Hickok, présidente du Center for AI and Digital Policy. Une déclaration mettant parfaitement en lumière le manque criant de transparence dans ce domaine.

Ce mutisme des géants technologiques entrave considérablement les efforts de régulation et d'adaptation des infrastructures énergétiques. Un cas emblématique illustre parfaitement cette situation : Dominion Energy, mastodonte de la distribution électrique en Virginie, peine à satisfaire l'appétit insatiable de ces centres gourmands en énergie. L'année 2022 a marqué un tournant, lorsque l'entreprise a dû admettre son incapacité à garantir l'approvisionnement électrique nécessaire, mettant ainsi un frein brutal à l'expansion effrénée des data centers dans la région.

 Des réponses rapides, mais à quel prix pour la planète ? © photosince / Shutterstock
Des réponses rapides, mais à quel prix pour la planète ? © photosince / Shutterstock

L'impératif d'une régulation adaptée

Face à cette conjoncture préoccupante, un chorus de voix s'élève, exigeant une régulation plus stricte et une transparence accrue. Stephen Ward, ancien économiste de l'Agence de protection de l'environnement, martèle avec conviction : « Le fait d'opérer à grande échelle ne devrait pas exempter de fournir des détails obligatoires ; au contraire, cela devrait accroître les préoccupations [NDLR : à propos des entreprises IA et des data centers] ».

L'impact de l'IA sur notre planète est désormais indéniable. Un rapport édifiant de l'Electric Power Research Institute projette que l'IA pourrait engloutir environ 9 % de la demande énergétique totale des États-Unis d'ici la fin de la décennie. Cette pression additionnelle entrave considérablement la transition vers des énergies plus vertes, retardant l'abandon tant espéré des sources fossiles.

Une consommation énergétique exponentielle, opacité des géants de l'IA et un cruel manque de régulation. Un soupçon d'indifférence en raison de notre aveuglement face au confort que nous apportent ces technologies, et vous obtenez la recette d'un cocktail explosif potentiellement prêt à détoner d'ici quelques années.

Par Camille Coirault

La tech est mon terrain de jeu, la science ma maîtresse capricieuse et le jeu vidéo (malgré mes overdoses récurrentes de AAA) mon péché mignon. Voici votre serviteur, explorant la jungle technologique armé d'un simple PC et salivant comme un bouledogue devant la moindre innovation. Transformer le jargon technique en prose savoureuse, traquer les news ultimes avec les neurones toujours à balle de caféine : voilà ma mission.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
baazul

Nous pourrions demander à l’IA combien de degrés nous allons nous prendre si nous continuons à l’utiliser :smiley:
Nous savons très bien que nous devons consommer moins pour espérer avoir un avenir, pourtant pour que notre économie fonctionne nous devons toujours consommer plus. Un vrai paradox.

Keorl

Une des raisons pour lesquelles je ne touche tout simplement pas à l’IA.
Ça me met hors de moi qu’on invente de nouveaux gouffres énergétiques quand on sait parfaitement qu’il faut contenir la consommation sur tous les plans.
Au moins, celui-ci ne semble pas totalement dénué d’utilité, contrairement à d’autres gaspillages modernes allant des cryptomonnaies aux machines à café à dosettes.

Fodger

L’ultralibéralisme : une économie basée sur la croissance mortifère illimité, sur la prédation.

Bidouille

Malheureusement, de plus d’humains semblent oublier qu’ils sont dotés d’une super CPU appelée le cerveau. Et, auparavant, lorsque l’on cherchait un renseignement on utilisait un objet, constitué de feuilles de papier, appelé « livre ». Il est vrai que ce système était archaïque car il fallait le lire alors que la synthèse vocale évite cette corvée.
Le seul risque est que plus l’IA va progresser, plus le cerveau humain risque de régresser. Alors que l’IA soit utilisée pour certaines tâches très complexe est une bonne chose mais de là à demander à une IA de rédiger votre courrier parce que vous êtes devenu trop idiot et fainéant pour le faire vous même, il y a des limites à ne pas dépasser.

cmoileena

Un plan fibre pour toute la france avec de super debits et un plan mobile 5G mais il faudrait avoir une utilisation digne d’un 56K de la bonne époque. Pendant ce temps les chalutiers, yoat bateau de croisiere jet privé et certains gros industriel qui polluent c’est pas trop grave ça. Emmerdons juste le petit peuple qui consomme des données ouah. Heureusement que la planète sait se defendre toute seule et ne compte pas sur les escrologistes de base

jstan

Ce n’est nullement pour emmerder le petit peuple, bien au contraire, savoir garder son indépendance vis-à-vis du soit disant « progrès » (Je parle du progrès qui est inutile, pas celui qui peut vraiment rendre service à l’humanité.) Qui est simplement un moyen de faire marcher l’économie et satisfaire l’avidité de certains, le tout sur le dos de l’environnement et du petit peuple est essentiel pour pas exploité la nature, et surtout ne pas se faire exploité soit même.

Keorl

Oh le vieil argument moisi du refus du progrès. En mode « les écolos veulent vivre comme des Amish ». Comme s’il n’y avait pas moyen de progresser sans générer des gabegies comme ici. Comme s’il n’y avait pas d’usages raisonnables. Comme s’il n’y avait pas de jutes milieux.
Oh le vieil argument moisi de « y’a pire que moi », en mode « de toute façon y’a un gros riche / une industrie qui pollue ». Comme si un seul écolo avait prétendu que les « yoat bateau de croisiere jet privés et certains gros industriels » étaient exempts d’efforts et d’améliorations à faire voir d’usage à strictement limités, comme si un seul écolo avait jamais prétendu que parler d’un sujet élimine automatiquement les autres. Comme si l’existence de sources de pollutions devait empêcher d’agir sur d’autres, ou tout simplement le principe simple que chacun fasse le nécessaire à son niveau (y compris le « petit peuple » dont tu te réclames, même si bien évidemment il doit bien moins faire que le « gros industriel » que tu fustiges … c’est le principe de « à son niveau »). Mais vois tu, si tes capacités de réflexions sont trop limités pour englober un problème complexe, considérer les causes multiples et les actions multiples qui peuvent s’y rattacher, au point de devoir arrêter de penser à une partie du problème dès qu’on parle d’une autre … Ce n’est pas le cas de tout le monde.

Keorl

Oh et bien évidemment, dans le cas qui nous intéresse ici, tu mets donc Microsoft et Google dans la case du « petit peuple » plutôt que celle des « gros industriels » ? :smiley:

cmoileena

Faut te détendre un petit peu. Je suis un partisan du juste milieu justement. Mais les extremistes escrologistes pas vraiment. C’est cette catégories qui ne sert pas leur causes malheureusement.

jstan

C’est quoi un escrologistes exactement ?
Et le juste milieu c’est quoi pour toi?
C’est un concept assez subjectif d’autojustificaton pour se dire qu’on fait la bonne chose.
Un milliardaire philanthrope est persuadé, lui aussi de faire le juste milieu. XD