650 térawatt-heures, un chiffre démesuré qui pourrait bien représenter la consommation électrique d'un pays entier ! Il s'agit pourtant du pic de consommation des data centers mondiaux, selon une estimation relayée par le média canadien CBC.
Regarder une série sur Netflix, partager vos photos de famille sur Facebook, ou simplement installer une nouvelle application sur votre smartphone : il s'agit là d'activités que bon nombre d'entre nous effectue chaque jour, sans apercevoir qu'elles requièrent des infrastructures bel et bien réelles, souvent gigantesques et bien sûr énergivores.
Environnement et technologies font-ils bon ménage ?
Ces infrastructures ne sont autres que les data centers, ou centres de données dans la langue de Molière. En France, on en compte un peu plus de 150 répartis sur l'ensemble du territoire, bien que la région parisienne en compte plus que partout ailleurs. Les data centers abritent les données invisibles auxquelles nous avons recours chaque jour et sont de plus en plus sollicités avec l'essor de services tels que le Cloud gaming, d'objets connectés dont on peine parfois à comprendre l'utilité, et bien entendu des plateformes de streaming et des réseaux sociaux.Pour fonctionner, nos appareils connectés et services numériques utilisent des serveurs répartis au sein des data centers. Ces derniers sont comme toute machine et nécessitent de l'énergie pour fonctionner ; seulement, à l'instar de votre PC portable il est également nécessaire de les refroidir pour éviter la surchauffe. Leur refroidissement engendre une forte demande énergétique, si bien que que pour 2020, la consommation prévue des data centers du monde entier pourrait bien atteindre 650 térawatt-heures, soit « presque autant que ce que produit le secteur énergétique canadien », ironise la CBC pour qui « ce n'est qu'un début ».
Cette valeur impressionnante - rappelons qu'un térawatt-heure équivaut à 1 000 milliards de watt-heures - a été obtenu grâce au calcul d'Anders Andrae, chercheur pour Huawei Technologies Sweden. Pour la faire courte, Andrae estime que le secteur informatique devrait doubler ses besoins en énergie d'ici la prochaine décennie, en grande partie en raison des data centers, pour au final engloutir 11 % de la production électrique mondiale en 2030. Avec l'avènement de la 5G, des véhicules autonomes, de l'intelligence artificielle et autres objets et services, il semble en effet logique que la demande devrait rester croissante, voir aller crescendo, un fait qui parait loin des préoccupations environnementales qui agitent les débats.
Greenwashing ou solutions concrètes ?
Face aux besoins croissant des data centers, de nombreuses entreprises ont pris le taureau par les cornes afin de réduire leur impact sur l'environnement, même s'il est pour le moment difficile d'en quantifier les bénéfices.Parmi elles, on trouve notamment Amazon Web Services (AWS), qui n'est autre que le leader mondial sur le secteur du Cloud computing. AWS a déclaré s'être engagé sur le long terme à utiliser des sources d'énergies renouvelables. En 2018, l'entreprise se targuait déjà d'avoir atteint un objectif de 50 % d'énergie verte dans sa consommation.
Trouver des sources d'énergie renouvelable n'est pas le seul levier d'action dont peuvent profiter les entreprises concernées. CBC donne à titre d'exemple le data center de Digital Realty, installé dans la région de Toronto. Le climat frais de la région est propice à l'installation d'un système de refroidissement bien moins énergivore qui consiste à faire entrer l'air frais de l'extérieur vers les salles qui abritent les serveurs. Malgré tout, les pays qui ne disposent pas d'un climat frais restent contraints d'utiliser la climatisation, une solution coûteuse pour les entreprises, mais aussi pour l'environnement.
Enfin, certaines solutions innovantes pointent le bout de leur nez. La société Ranovus entend ainsi multiplier les capacités de transmissions de l'information dans les data centers à l'aide d'une technologie nommée « Quantum Dot Multi-Wavelength Laser ». Cette nouvelle approche promet une économie 80 % de l'énergie requise pour les transferts de données en masse en ayant recours à « un laser à semi-conducteur qui utilise des points quantiques auto-assemblés pour générer simultanément plusieurs longueurs d'ondes à partir d'un seul appareil ».
Quoi qu'il en soit, seul l'avenir nous dira si les entreprises parviendront à déjouer cette inquiétante estimation. Un enjeu de taille si l'on en croit Anders Andrea, le chercheur estime en effet qu'au-delà de 2040 cette facture énergétique deviendra « insoutenable » pour la planète.
Source : CBC