Melissa Trixie Watt, qui vit dans une province canadienne, a enduré des années de cyberharcèlement, de faux profils et d'autres menaces, tout en luttant courageusement pour rétablir sa sécurité et sa dignité, sur la Toile et dans la vie.
Le harcèlement en ligne est un mal qui touche de trop nombreuses personnes et qui laisse souvent des cicatrices invisibles, parfois profondes. Melissa Trixie Watt, massothérapeute vivant à Vernon, en Colombie-Britannique, en a fait la douloureuse expérience.
Des faux profils en ligne ont été créés en utilisant son identité et ses photos, incitant des inconnus à des actes horribles et la plongeant dans un véritable cauchemar éveillé dont nos confrères de Wired nous font part. Face à l'inaction de la police et des plateformes en ligne, elle a décidé de prendre les choses en main.
La triste réalité du harcèlement en ligne
Pendant quatre ans, Melissa Watt a été la cible de profils factices sur divers sites de rencontres et réseaux sociaux, subissant les messages obscènes, parfois violents et souvent dégradants. Mais l'un de ces faux profils l'a particulièrement alarmée, en ce qu'il révélait plus de détails personnels que les autres. Le harceleur semblait déterminé à réaliser son fantasme de viol.
Face à cette situation de terreur, Melissa s'est mise en quête d'une aide. Elle a alors contacté par e-mail la célèbre plateforme de rencontres américaine OkCupid (l'une des nombreuses sur lesquelles les faux profils de cette dernière apparaissent) pour signaler les messages les plus préoccupants.
OkCupid, qui a fini par supprimer le faux compte et par bloquer l'utilisateur, a néanmoins refusé de révéler l'identité du harceleur sans une ordonnance de la police. À l'époque, les forces de l'ordre lui diront qu'aucune loi ne leur permettra de punir de tels comportements, car il faut prouver qu'un crime a été commis. Face à l'impasse, Melissa ne renonce pas pour autant.
Une persévérance récompensée
La Canadienne, qui a trouvé les ressources dans son apprentissage de la massothérapie jusqu'à devenir agréée à la fin de l'année 2016, débute alors ses propres recherches. Elle découvre qu'une loi canadienne sur la cyberintimidation est entrée en vigueur en 2015, faisant suite à la triste mort de deux adolescents victimes de harcèlement en ligne. Le texte étend le vol d'identité et le harcèlement criminel aux nouvelles technologies que sont les SMS, e-mails et profils en ligne.
Melissa sait désormais que partager des photos intimes sans son consentement est passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 5 ans de prison. Elle réalise alors qu'elle peut produire sa propre ordonnance et la soumettre elle-même aux tribunaux, une mesure assez exceptionnelle qu'un juge peut accorder si les motifs lui paraissent légitimes.
Le cas de Melissa Watt souligne les défis auxquels sont confrontés les systèmes juridiques et les plateformes en ligne pour lutter contre le harcèlement. En France, la loi fraîchement adoptée par les députés sur l'espace numérique vient plus lourdement sanctionner les cas de cyberharcèlement, en faisant peser des obligations sur les plateformes. Au Royaume-Uni, une loi en ce sens a également été votée, mais elle impose aux victimes la charge de trouver le préjudice.
Malgré les épreuves, Melissa Watt a bien rédigé sa propre ordonnance. Son insistance pour obtenir justice et sa détermination ont conduit à ce qu'une enquête soit ouverte envers son principal harceleur. Une première victoire.
Source : Wired