Le sommet mondial sur la gouvernance de l'IA, qui aura lieu les 1er et 2 novembre 2023, soulève déjà des interrogations quant à son efficacité. Il devrait être basé sur un registre mondial… volontaire des grands modèles.
Le Royaume-Uni se prépare à accueillir un sommet planétaire sur la gouvernance de l'intelligence artificielle, sous l'égide du Premier ministre local, Rishi Sunak. Mais de l'événement découle une préoccupation majeure : la réunion est axée sur des scénarios apocalyptiques impliquant des IA incontrôlables. Pour les experts, qui déplorent l'aspect « non engageant » du sommet, l'approche cataclysmique n'est pas la bonne et il vaudrait mieux se concentrer sur les problèmes à court terme. Vous allez voir que les craintes d'un flop annoncé ne manquent pas.
Un sommet qui dépendra du bon vouloir des entreprises mondiales derrière les grands modèles d'IA
Le gouvernement britannique, malgré ses revirements sur des questions telles que la politique climatique ou l'engagement en faveur du forage pétrolier, communique beaucoup sur cette initiative visant à sensibiliser la communauté internationale aux dangers liés à une superintelligence artificielle qui serait hors de contrôle. Les scénarios incluent la fabrication d'armes biologiques, l'autoritarisme renforcé, la menace pour la démocratie et le système financier mondial.
Le sommet, prévu pour les 1er et 2 novembre prochains, est particulièrement important pour Rishi Sunak. Le Premier ministre britannique ambitionne de faire du Royaume-Uni le leader mondial de la réglementation de la sécurité de l'IA. Rien que ça. Sauf que de sérieuses critiques viennent entacher un événement qui n'a même pas encore débuté.
Selon Wired, deux sources très proches du sommet ont confié que ce dernier ne consisterait qu'à créer un registre mondial basé sur de grands modèles d'IA volontaires. Dès lors, on peut douter de l'efficacité d'une telle réunion, dans la mesure où celle-ci dépendra de la bonne volonté des grandes entreprises technologiques, américaines et chinoises derrière ces grands modèles. Citons notamment Amazon, Google ou Microsoft.
Les Britanniques s'estiment sous-représentés à domicile et ne veulent pas suivre les règles de l'Union européenne
Le sommet fait aussi ressurgir les tensions diplomatiques du moment. Le gouvernement américain n'approuve par exemple pas la venue de responsables chinois. Les experts en IA britanniques, eux, regrettent que l'on mette l'accent sur les catastrophes potentielles, reléguant au second plan les risques immédiats et les avantages, car il y en a aussi, de la technologie.
De façon plus détaillée, le sommet prévoit l'examen de deux types d'IA : celle aux capacités étroites mais potentiellement dangereuses ; et l'intelligence artificielle de pointe, définie par les Britanniques comme « puissante et polyvalente ». De nombreux acteurs britanniques de l'IA se sentent de fait exclus, car la majorité des entreprises capables de développer de tels modèles sont chinoises ou américaines. Le seul acteur issu du Royaume-Uni n'est autre que Google DeepMind, mais l'entreprise fondée à Londres a été rachetée par Google dès 2014, pour devenir sa branche IA. Ça compte ou pas d'après vous ?
Enfin, les experts regrettent que les débats sur une vraie réglementation nationale de l'IA soient au point mort, alors que l'Union européenne avance dans ce domaine. Dans une logique d'enfermement, les spécialistes estiment d'ailleurs que le Royaume-Uni devrait proposer ses propres règles, au lieu de suivre l'initiative de l'UE. On ne doute pas de la bonne ambiance sur place dans quelques jours.
Source : Wired