IBM, véritable dinosaure de la tech, dévoile la puce NorthPole, entièrement optimisée pour l'IA et qui présente des performances franchement étonnantes. Une candidate potentielle pour redéfinir le futur de l'intelligence artificielle ?
Dans le domaine de l'IA, IBM s'était fait remarquer au mois de mai. Son patron annonçait une suspension des embauches de plusieurs milliers de postes dans sa société, justement en rapport avec l'explosion de cette technologie. Même si celle-ci est appliquée aujourd'hui à grande échelle, il n'existe pas encore de matériel spécialement développé pour elle.
Dans le laboratoire de recherche d'IBM situé à Almaden (Californie), les cerveaux sont en ébullition pour faire bouger les choses. Leurs dernières avancées en matière d'architecture de puces pourraient bien s'avérer une solution très efficace pour s'affranchir des limitations matérielles actuelles.
NorthPole : une nouvelle génération de puces
Depuis l'invention des semi-conducteurs, les puces sont restées structurellement identiques, ce qui affecte fortement le domaine de l'intelligence artificielle. Connu sous le nom de « problème von Neumann » ou « goulot d'étranglement de von Neumann », le phénomène limite le transfert de données entre le processeur et la mémoire des systèmes. C'est pourquoi IBM compte bien s'attaquer à ce problème structurel en créant une puce neuromorphique imitant le fonctionnement du cerveau humain.
Dharmendra Modha est le responsable du projet de puce NorthPole, qui se distingue premièrement par une consommation énergétique très réduite. Un avantage considérable lorsqu'on connaît l'impact énergétique de l'IA à l'échelle mondiale. Cette puce est environ 4 000 fois plus rapide que son prédécesseur, « TrueNorth ». Les premiers résultats de tests ont été publiés dans la célèbre revue Science et sont très prometteurs. Si on la compare aux GPU et CPU actuellement utilisés pour l'entraînement des modèles d'IA, NorthPole démontre une capacité énergétique 25 fois supérieure.
Si NorthPole est aussi efficace, c'est que sa structure est particulière : la mémoire est intégrée directement sur la puce. C'est cette construction spécifique qui élimine le problème von Neumann. Toutefois, cette conception provoque certaines contraintes importantes. En effet, la puce a uniquement accès à la mémoire embarquée. Si elle est utilisée pour traiter d'immenses quantités de données, cela pourrait poser un problème. IIBM pense pouvoir détourner cette limitation avec une technique nommée « scale-out », qui permet de subdiviser les réseaux neuronaux pour les rendre plus efficaces.
Vers une adoption massive dans divers domaines
NorthPole est destinée à un large choix d'applications, dans des domaines très différents. Elle pourrait être d'une aide précieuse dans le secteur de la robotique ou des véhicules autonomes par exemple. Les assistants numériques pourraient en bénéficier également, de même que l'agriculture assistée par satellites. Sa conception très compacte lui évite également d'avoir besoin de gros systèmes de refroidissement, ce qui la rend facilement adaptable à n'importe quel type d'environnement.
NorthPole n'en est qu'à ses prémices, mais ses résultats sont déjà très encourageants. IBM envisage déjà le futur, en améliorant encore sa finesse de gravure pour la faire passer de 3 à 2 nanomètres. L'industrie informatique doit beaucoup à cette société, qui s'est imposée pendant des dizaines d'années grâce à des innovations majeures : l'IBM PC, le Système/360, la disquette 8 pouces ou le disque dur. Peut-être sera-t-elle à la base de l'émergence d'un nouveau paradigme dans le secteur de l'IA ?
Source : IBM