La France a des ambitions élevées pour l'éolien, mais elle se heurte à des obstacles persistants, qui font d'elle le plus mauvais élève européen en la matière. La voici épinglée par la Cour des comptes.
L'Union européenne s'efforce corps et âme à réduire les émissions de gaz à effet de serre. La France, elle, s'est fixée d'ambitieux objectifs en matière de production d'électricité éolienne. Mais la Cour des comptes, qui a récemment publié son rapport sur la mise en œuvre de la politique liée à l'éolien maritime et terrestre sur le territoire depuis 2017, a pourtant quelques reproches à faire à l'État.
La France est le pire élève européen sur l'éolien et risque de le payer très cher
Malgré des lois de programmation énergétique et des objectifs de production d'électricité éolienne détaillés, la France n'a pas réussi à atteindre ses cibles. À la fin de l'année 2022, le pays n'avait développé que 2,9 GW de capacités éoliennes. C'est seulement 80 % de l'objectif prévu pour 2023.
La France est en retard, très en retard même en étant, chaque trophée se mérite, le seul pays européen à avoir échoué à atteindre les objectifs de la directive européenne de 2018. Ce qui la pousse aujourd'hui à acheter de coûteux « droits statistiques », sans parler des sanctions financières. Plus loin dans le rapport de la Cour des comptes, on apprend ainsi que la France devrait payer 960 millions d'euros pour la seule année 2020 !
Plusieurs obstacles réglementaires entravent le développement de la ressource éolienne en France. Dans le viseur ici : les servitudes réglementaires, ces lieux pouvant générer des interférences avec les radars et les zones de survol des avions, qui aujourd'hui limitent les zones disponibles pour l'éolien à seulement 20 % du territoire. Et on ne vous parle pas des délais pour obtenir des autorisations de construction, qui peuvent aller jusqu'à 10 ans pour l'éolien maritime, bien au-delà de la moyenne européenne, parfois près du double.
La Cour des comptes déplore les délais excessifs et s'interroge sur les soutiens financiers apportés aux producteurs
Pour la juridiction financière, la planification spatiale de l'éolien terrestre en France a été lacunaire, pour ne pas dire catastrophique. Le choix des sites laissé aux développeurs privés est aujourd'hui pointé du doigt. En ce qui concerne l'éolien en mer, si la planification est mieux maîtrisée, les délais restent excessifs, ce qui perturbe les appels d'offres. Des questions d'acceptabilité sociale et de compensation des externalités négatives (pour les zones de pêche, entre autres) doivent être posées.
Sur le sujet des soutiens financiers accordés aux producteurs d'énergie éolienne, ils ont certes évolué, mais des incertitudes subsistent dans un contexte économique délicat. La rémunération des producteurs a été revue à la baisse, baisse expliquée par celle des coûts de production, mais des mesures de soutien complémentaires ont été nécessaires l'an dernier. Pour la Cour, la révision des tarifs devrait être consolidée, pour éviter les rentabilités excessives.
La renégociation des tarifs des parcs éoliens en mer en 2018 a octroyé des avantages financiers aux exploitants, soulevant la nécessité d'une surveillance continue pour éviter les rentes excessives. Pour la Cour, les appels d'offres pour l'éolien en mer doivent inclure un tarif de référence. Il empêcherait les rentes indues, évitant ainsi des pertes de recettes pour l'État et assurant une rémunération équitable en cas de prix élevés sur le marché.
Source : Cour des comptes