Un célèbre youtubeur espagnol, Jota, a décidé d'attaquer Google Espagne en justice pour licenciement abusif, ouvrant le débat sur un possible droit du travail des créateurs de contenu qui génèrent des revenus publicitaires, dont il fut un temps privé.
Le monde des créateurs de contenus est en ébullition alors que le youtubeur espagnol Jota poursuit Google Espagne pour licenciement abusif. Soutenu par un syndicat local, le créateur cherche à établir qu'il est dans une relation de travail avec YouTube, ce que conteste Google, qui explique que la publicité ne fait pas de Jota un employé de l'entreprise. À l'origine du conflit, on retrouve un blocage des revenus publicitaires du créateur, qui avait enfreint les politiques de monétisation de YouTube.
Un youtubeur veut redéfinir les relations entre créateurs et plateformes
En attaquant Google, Jota veut prouver qu'il avait une relation de travail avec YouTube, en recevant une rémunération provenant des revenus publicitaires générés par ses contenus. Google Espagne avait coupé les revenus publicitaires de la chaîne, suivie par près de 2 millions de personnes (près de 300 millions de vues depuis son lancement, fin 2017).
L'avocat de Jota, Bernardo Garcia, qualifie cette coupure des revenus publicitaires de « rupture de la relation de travail » et cherche à prouver le caractère abusif de ce qu'il estime être un « licenciement ». Les vidéos politiques satiriques de Jota ont souvent utilisé des extraits officiels, ajoutant des sous-titres et des effets spéciaux pour renforcer ses messages. Certaines fois, elles ont dépassé les limites et, donc, les règles de YouTube.
Le 26 juin prochain, un tribunal de Madrid entendra l'affaire. Quant à savoir s'il décidera de redéfinir la nature des relations entre les créateurs de contenu et les plateformes, il est trop tôt pour s'avancer. Reconnaît le lien de travail serait un gigantesque rebondissement en tout cas. Mais l'Espagne, pionnière en matière de droits des travailleurs, prend ici une position ferme contre le travail des indépendants. Le syndicat UGT (Union générale des travailleurs) se dit déterminé à lutter contre les conditions de travail précaires imposées par les géants de la technologie.
Le syndicat derrière le youtubeur a déjà fait entendre raison aux plateformes de livraison
Google Espagne insiste sur un point : les créateurs de contenu ne sont pas des employés. La filiale souligne que la chaîne de Jota a enfreint les politiques de monétisation de YouTube et rappelle son engagement envers le succès des créateurs, avec lesquels elle partage la majorité des revenus publicitaires issus de la plateforme vidéo.
Du côté des syndicats, l'UGT entame ce combat avec confiance. La confédération a déjà poussé les entreprises de livraison à embaucher leurs livreurs en 2021, pour lutter contre le « faux travail indépendant ». Son prote-parole, Eduardo Magaldi, souligne que si cette économie de la création de contenus reste relativement nouvelle, les concepts sous-jacents demeurent inchangés.
« Certains contrôlent les plateformes, tandis que d'autres fournissent leur travail, que ce soit depuis leur domicile ou leur lieu de travail », dit le juriste. Cette bataille juridique pourrait donc avoir des implications bien au-delà du cas individuel de Jota.
Source : Reuters