Google a décrété que tout l'Internet libre était à sa disposition gratuitement pour entraîner son IA. Mais pour YouTube, cela pose de vrais problèmes.
Si un tribunal américain a récemment jugé que l'on ne pouvait pas protéger la propriété intellectuelle d'œuvres créées par IA, les ayants droit d'œuvres utilisées pour les entraîner aimeraient aller beaucoup plus loin. À commencer par le label Universal, qui regroupe nombre des artistes les plus écoutés sur YouTube, et que la plateforme de streaming n'a pas forcément envie de fâcher.
Côté pile, Google ne s'embarrasse pas de la protection intellectuelle pour développer son IA
Pour à peu près tous les laboratoires développant des intelligences artificielles, la tendance actuelle est à la course aux données. Ils essaient d'en récupérer le plus possible avant que d'inévitables lois sur la question ne viennent en limiter la possibilité. À ce titre, Google ne s'est pas embarrassée de précautions et s'est tout simplement approprié la totalité de l'Internet connu.
Bien entendu, ni Google ni aucune autre société développant actuellement des IA ne paie les ayants droit des œuvres dont elles récupèrent des copies, ni qui que ce soit dont elles récupèrent les informations personnelles. Et face aux procès qui ont déjà commencé à se multiplier, elles plaident généralement le « fair use » (utilisation juste), qui autorise l'utilisation de matériel protégé par copyright sous certaines conditions évaluées au cas par cas par les tribunaux et qui donne pour l'instant souvent raison à ces laboratoires.
En d'autres termes, pour l'instant, Google estime qu'à partir du moment où c'est pour entraîner une IA, tout lui est accessible, et l'entreprise n'est redevable de rien. Une politique qui pourrait bien poser des problèmes à sa plateforme YouTube.
Côté face, les ayants droit sont indispensables pour YouTube
En avril dernier, un morceau appelé Heart on my sleeve, chanté par Drake et The Weeknd, connaît un franc succès. Seul problème, ni l'un ni l'autre n'ont vraiment chanté sur cette musique, et il s'agit en réalité de voix générées par IA. Un cas que l'on a déjà vu plus d'une fois. Universal, le label des deux artistes, n'a pas du tout apprécié cela et a demandé aux plateformes de supprimer le morceau. Si certaines d'entre elles, comme Spotify, se sont rapidement exécutées, cela n'a pas été le cas de YouTube. La plateforme de Google a un peu moins de contrôle sur son catalogue et se repose sur le non-respect de ses politiques de contenu (comme une violation du copyright) pour supprimer une vidéo.
Sauf que les voix ne peuvent pas être éligibles au copyright, et Universal a réussi à contourner le problème en trouvant un sample lui-même protégé dans le morceau. Mais pour tous les acteurs présents, cette affaire a annoncé un problème qu'il faudrait bien régler concernant les œuvres créées par intelligence artificielle. En effet, même si la loi n'est pas de son côté, Universal est bien trop important pour que YouTube puisse se permettre de le perdre.
Comme souvent avec Universal, il n'y a pas de problème que l'argent ne peut régler. C'est ainsi que ce 21 août, YouTube a annoncé travailler avec le label pour créer un système permettant de rémunérer les ayants droit de musiques qui ont servi à en générer d'autres, quand bien même rien, en théorie, ne l'y oblige. Pour cela, la plateforme de streaming compte une nouvelle fois sur son content ID, son très controversé robot de détection du plagiat. Pour résumer, YouTube crée ainsi un droit parallèle pour protéger la position dominante d'Universal sur sa plateforme, ce qui protégera la sienne.
- Grande diversité de contenus
- Monétisation pour les créateurs
- Accessibilité sur toutes les plateformes