L'IA dans l'industrie musicale : innovation ou fraude ? © Stock-Asso / Shutterstock
L'IA dans l'industrie musicale : innovation ou fraude ? © Stock-Asso / Shutterstock

Doit-on percevoir l'essor de l'IA dans l'industrie musicale comme une aubaine ou à l'inverse comme un appel à la fraude ? Universal Music Group (UMG) a déjà sa petite idée sur le sujet.

Google et UMG s'étaient déjà illustrées cet été en concluant un partenariat afin d'enrayer la propagation de morceaux illégaux créés par IA. Cela dans le but de permettre aux personnes de créer des deepfakes musicaux officiels pour garantir le respect des droits d'auteurs. Comme quasiment tout ce qu'elle touche, l'IA transforme les fondements mêmes de la production musicale. C'est le cas pour les particuliers, avec des applications comme Aimi par exemple, et encore plus pour l'industrie. UMG nuance cette réalité, en soulignant que l'IA peut s'avérer bénéfique pour la création de contenus, mais elle peut être utilisée à des fins bien moins reluisantes.

Le potentiel et les risques de l'IA selon UMG

Graeme Grant est Vice-Président de la Protection Mondiale du Contenu chez Universal et son opinion sur le sujet est plutôt subtile. Il voit d'abord l'intelligence artificielle comme une aubaine, qu'il est possible de mettre au service de la créativité. En termes d'optimisation de la production musicale, celle-ci a également son utilité. Dans ce sens-là, UMG a d'ailleurs déposé plusieurs brevets afin d'utiliser l'IA pour le marketing, la création de contenu ou la sécurité.

Toutefois, le discours de Grant ne s'arrête pas qu'à une simple position optimiste. « L'intelligence artificielle, bien qu'elle recèle un immense potentiel en termes d'innovation et de développement, présente également des risques considérables. Ces dangers ne concernent pas uniquement les créateurs, mais s'étendent à l'ensemble de la société » tempère-t-il. Des amateurs utilisent de plus en plus l'IA pour copier la voix, le style ou la musique d'artistes de renom pour créer des morceaux bien réels. L'exemple parfait est le morceau de Drake vs The Weeknd's : Heart on my Sleeve, sorti en avril 2023 et qui cumule plus de 7 millions de vues sur YouTube. Ces deux artistes n'ont jamais composé celui-ci, c'est un certain AZTECH qui a usé de l'IA pour le faire.

De plus en plus de communautés en ligne se spécialisent pour partager de manière complètement gratuite des modèles vocaux pré-entraînés d'artistes célèbres. La menace sur les droits d'auteur est réelle.

Une technologie qui doit être encadrée rapidement © Midjourney pour Clubic.com
Une technologie qui doit être encadrée rapidement © Midjourney pour Clubic.com

Des escroqueries en plein essor

Sur Spotify et d'autres plateformes, UMG a observé une hausse de 175 % des morceaux entièrement générés par l'IA sur ces derniers mois. Ceux-ci portent des noms plutôt évocateurs comme Drake AI ou Juice AI et génèrent une quantité colossale d'écoutes et donc, de revenus. Des revenus qui ne tombent évidemment pas dans la poche des artistes originaux.

Un autre type de fraude existe, celui de la vente d'extraits musicaux imitant des artistes célèbres. Les escrocs font mine d'avoir récupéré des morceaux originaux en les piratant et les vendent ensuite à des consommateurs un peu crédules, qui pensent avoir mis la main sur des exclusivités. Grant explique que « croyant à l'authenticité de ces morceaux, les utilisateurs s'associent souvent pour des achats groupés, mettant en commun leurs fonds pour répondre aux prix exorbitants demandés par les escrocs, pouvant aller de 5 000 à 30 000 dollars. Les utilisateurs ignorent généralement que le morceau en question n'a pas été créée par l'artiste, mais par l'IA ». Une tromperie en bonne et due forme.

Pour UMG comme pour d'autres géants de cette industrie, aucune solution miracle n'existe pour s'attaquer au problème. Naviguer avec prudence entre innovation et protection des droits d'auteurs est certainement le cap à suivre. Le sujet de l'IA et de la création musicale mériterait certainement un sommet décisionnel à lui tout seul, réunissant tous les acteurs du milieu dans un but de régulation.

Source : Torrentfreak