IA : Suno et Udio poursuivies par les majors de la musique pour violation des droits d'auteur "à grande échelle"

Camille Coirault
Publié le 29 juin 2024 à 13h46
 Les trois géants frappent du poing sur la table, et ça risque de faire mal © Nejron Photo / Shutterstock
Les trois géants frappent du poing sur la table, et ça risque de faire mal © Nejron Photo / Shutterstock

Warner Records, Sony Music et Universal Music Group, les trois colosses de l'industrie musicale, se dressent face à deux start-up. Ils accusent Suno et Udio, d'une infraction massive aux droits d'auteurs.

L'IA et les droits d'auteurs, c'est un peu comme un chien et un chat coincés dans la même niche : une cohabitation forcée, mais rarement harmonieuse. Cette action en justice ne sera pas la première intentée contre des entreprises du secteur de l'IA (OpenAI en a fait les frais également) et ne sera certainement pas la dernière.

Lundi dernier, la Recording Industry Association of America (RIAA) a décidé d'engager des poursuites à l'encontre de Suno et Udio. Ces dernières, accusées d'avoir bafoué les droits d'auteur pour entraîner leurs algorithmes de génération musicale, se retrouvent désormais au cœur d'une véritable tempête. Les plaignants, profondément indignés, allèguent que les logiciels conçus par ces sociétés s'approprient indûment des fragments musicaux pour engendrer des œuvres dérivées. Conséquemment, ils réclament une compensation financière substantielle, s'élevant à pas moins de 150 000 dollars par œuvre spoliée.

Suno et Udio sur la sellette

Nichée au cœur du Massachusetts, l'entreprise Suno a fait une entrée fracassante sur le marché l'an dernier, séduisant une pléiade d'utilisateurs avec son ingénieux outil de composition musicale assistée par IA. Actuellement, elle revendique déjà plus de 10 millions d'utilisateurs. Forte d'un partenariat stratégique avec le géant Microsoft, la société propose désormais un service par abonnement mensuel et vient de réaliser une levée de fonds impressionnante de 125 millions de dollars. Néanmoins, face aux récentes allégations, Suno demeure étrangement silencieuse.

Dans la même veine, Udio, également connue sous l'appellation Uncharted Labs, a vu le jour à New York sous l'égide d'investisseurs de renom comme Andreessen Horowitz (fonds américain de capital risque). Son application, lancée au printemps dernier, a rapidement conquis le public, notamment grâce à un morceau parodique, BBL Drizzy, s'inspirant de la rivalité entre deux titans du rap : Drake et Kendrick Lamar (voir ci-dessous).

Udio, soucieuse de son image, affirme que son système est conçu pour engendrer des compositions originales et a mis en place des garde-fous sophistiqués pour éviter tout plagiat. « Nous croyons que l’IA générative deviendra un pilier de la société moderne » a déclaré l’entreprise.

Les dédommagements prévus pourraient mettre un coup d'arrêt aux deux start-up  © lexrvulescu97 / Shutterstock
Les dédommagements prévus pourraient mettre un coup d'arrêt aux deux start-up © lexrvulescu97 / Shutterstock

La riposte des majors

Les actions en justice, intentées devant les juridictions fédérales du Massachusetts et de New York, mettent en lumière une exploitation purement mercantile d'œuvres protégées, dénuée de toute véritable métamorphose artistique. Les plaignants soulignent : « L'utilisation ici est loin d'être transformative, car il n'y a aucune raison fonctionnelle pour que le modèle d'IA ingère les enregistrements protégés par le droit d'auteur, si ce n'est pour recracher de nouveaux fichiers musicaux concurrents ».

Parmi les exemples évoqués figurent des morceaux emblématiques tels que l'incontournable hymne festif de Mariah Carey All I Want for Christmas is You, le classique de la soul My Girl du groupe The Temptations et des morceaux de Green Day. Ces derniers sont reproduits avec une telle finesse que même les aficionados les plus aguerris peineraient à discerner l'original des versions générées par intelligence artificielle.

Les magnats de l'industrie musicale tirent la sonnette d'alarme, dénonçant un « vol de grande envergure » qui menace l'équilibre de l'écosystème musical dans son ensemble. Ils arguent, non sans une pointe d'amertume, que « le motif est effrontément commercial et menace de supplanter l'artisanat humain authentique, au cœur de la protection du droit d'auteur ».

Cette offensive juridique survient peu après que 200 d'artistes renommés, comptant parmi eux des icônes telles que Billie Eilish, Imagine Dragons, Pearl Jam et Nicki Minaj, ont apposé leur signature à une missive exhortant à mettre un terme à l'utilisation jugée « prédatrice » de l'intelligence artificielle dans le domaine musical. Réunis sous le nom de Artists Rights Alliance, ils plaident pour un usage raisonné de l'IA générative et appellent les développeurs et compagnies de la tech à ne pas déployer des outils menaçants de remplacer la créativité humaine.

Source : BBC

Par Camille Coirault

La tech est mon terrain de jeu, la science ma maîtresse capricieuse et le jeu vidéo (malgré mes overdoses récurrentes de AAA) mon péché mignon. Voici votre serviteur, explorant la jungle technologique armé d'un simple PC et salivant comme un bouledogue devant la moindre innovation. Transformer le jargon technique en prose savoureuse, traquer les news ultimes avec les neurones toujours à balle de caféine : voilà ma mission.

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Loposo

Inutile, c est l avenir comme plein d ia dans le domaine. Et tout ça est récent a voir dans 1 ou 2 ans car il y a encore des défauts.
Ça remplacera pas les présences scénique, etc.
L outil dev entre Google et d autres artistes est intéressante car c est plus un outils.
Mais bon juste ça cassera les millionnaires de la musiques. Vu les signataires, les même n ont rien dit quand Spotify a décidé de ne plus rémunérer les artistes qui font très très peu d écoutes au profit des gros labels
Car on a pas attendu l ia pour avoir une musique sur abondante qui casse le marché, il y a des centaines de nouvelles track toutes les minutes etc …

Sodium

Ca n’est pas tellement la question de si c’est l’avenir ou pas… Le fait est que ce que produisent c’est outils n’est au final qu’un agrégat d’oeuvres sous copyright.

Ah oui, les fameux « millionnaires de la musique », c’est à dire les 0.0001% des concernés…

Jasmin

Quelquun a compris que fait exactement cette application ?
Elle créé automatiquement de la musique? Ce n’est pas clair

xicrofreyase

Ben oui. Tu tappe du texte, un thème, et elle te fait une musique. Plus vrai que nature, c’est bluffant.

Kratof_Muller

Parmis les artistes cités en fin d’article il n’y a pas que des flèches, normal qu une IA arrive a faire pareil ou mieux, c’est à la fois vexant et vrai.

sebstein

Bah non, ce n’est pas un agrégat, si c’était le cas, ces LLM feraient des des dizaines de To de données, or ils n’en font que quelques Go, c’est bien la preuve qu’il s’agit d’une forme d’apprentissage et pas de copie bête et méchante.

À ce tarif là, n’importe qui est en effraction avec des copyright (qui sont, eux-même, basés sur des travaux enfreignant d’autres copyrights et ainsi de suite jusqu’aux doubles notes d’une pierre frappé contre un mur pas l’un des premiers homo-sapiens).

Alby

Ils s’y prennent en retard d’un siècle en termes de temps informatique, et ils sont complètement à côté de la plaque.
à tous ceux qui croient qu’on pouvait vivre de la musique avant l’IA : ça n’a jamais été vrai pour la majorité des artistes, même au temps des mécènes il y a des siècles.

Loposo

non car sony et d’autres ont signé avec soundlab pour faire leur AI. Donc, en gros, ils souhaitent encore garder le bussiness pour eux.
Ensuite, la musique moderne est pas mal de bank de son et je ne parle même pas de splice avec des boucles qu’on trouve sur plusieur projet

Ensuite l’IA fait comme tout nouveau musicien, il y a des tonnes de tuto pour « copier » des prod, du type : je ne sais pas, taylor swift a du jazz,… sauf que l’IA l’apprend plus vite.
Mais on commence tous comme ça, énormément de tracks ont les mêmes patterns de drums,… type techno, EDM, reaggeton,…ce n’est pas pour autant que c’est du vol.

Et suno ou udio, jusqu’à la, c’est inspiré, mais pas copié a 100%, comme un dall e ou midjourney. Les musiques sont disponibles en libre acces a l’ecoute, spotify, youtube,… donc l’ia analyse

Loposo

on tape le style de musique qu’on souhaite avec des mots clés, il y a une grande roue ou il propose tous les styles autant dire pleinssss, (même inconnu) et on peut rajouter des trucs type mélancolique, drop énergique etc, la tonalité… après on peut même sélectionner certain passage et lui demander de retravailler cet parti exemple un pont entre les 2 refrain,…
Et on peut également mettre les textes qu’on a écrits ou fait avec tchatgpt, et lui, il va creer la voix et mettre tout ca en rythm
le mix des instruments n’est pas parfait, mais c’est fou, pour un titre qui passe sur une radio quand les gens font autres choses pas concentrés, ca passe

Par exemple, tout fait par suno

Sodium

Tes propos sont contredits par les faits :wink:
Ils ont modifié les règles le leur prompt il y a peu, mais par le passé on pouvait tapper des requêtes du genre « Une chanson à propos d’une femme s’appelant Roxane par un groupe de policiers » et obtenir un résultat tenant du plagiat pur et simple.