Les nouvelles mesures que veut prendre la Commission européenne contre le travail forcé soulèvent des réticences dans le monde du photovoltaïque.
La Commission européenne avait présenté en septembre 2022 un texte qui doit interdire l'entrée sur le territoire de l'Union des produits issus, partiellement ou totalement, du travail forcé. Une mesure qui, dans le principe, fait évidemment l'unanimité, mais qui pourtant voit certains acteurs économiques se raidir. C'est le cas du monde de l'énergie solaire, qui tente de proposer à la place des mesures moins fermes contre le travail forcé.
Le lobbying de SolarPower Europe
La production de panneaux photovoltaïques est, d'après le Global Slavery Index pour l'année 2023, le quatrième type de produits le plus touché par le travail forcé dans les importations des pays du G20. Une situation causée notamment par la domination de la Chine dans le secteur, un tiers du matériau de base servant à la fabrication de ces panneaux, le polysilicium, provenant du Xinjiang, là où la minorité ouïgoure serait astreinte à du travail forcé.
Il n'est alors pas étonnant que le lobby du solaire, l'association SolarPower Europe, qui regroupe quelque 600 sociétés du secteur, critique l'initiative. Elle s'en est ainsi prise à un ajout apporté par le Parlement européen, qui inverse la charge de la preuve dans les situations les plus dangereuses. Dans ces cas particuliers, ce serait aux entreprises de montrer qu'elles n'intègrent pas dans leurs chaînes d'approvisionnement des produits issus du travail forcé.
Les entreprises préconisent des mesures plus douces
« On ne sait pas clairement comment les entreprises peuvent légalement démontrer que leur produit est conforme. […] Nous craignons que cela ralentisse injustement le déploiement de l'énergie solaire » a ainsi expliqué l'association au journal Le Monde.
À la place, SolarPower Europe plaide plutôt pour des mesures déjà présentes dans son programme Solar Stewardship Initiative. Il consiste en la mise en place d'efforts « ciblés » de la part des entreprises du secteur. Elles souhaitent ainsi être plutôt l'objet d'une « vérification par un tiers indépendant. »
Problème, pour le cas de régions comme le Xinjiang, les autorités ne laissent pas entrer d'observateurs extérieurs. Ce genre de procédure est donc impossible à déployer. Reste maintenant à savoir si l'activisme du lobby du solaire aura des effets sur la législation, à l'heure où le photovoltaïque est l'objet de grands projets.
Source : Le Monde