Le débat autour d'une potentielle mission de service sur le télescope spatial Hubble, en orbite terrestre, a repris de plus belle après une nouvelle panne. L'un des gyroscopes qui servent à orienter l'iconique véhicule est en panne, et les observations scientifiques sont actuellement à l'arrêt. Les choix sont limités.
Le 19 novembre, le télescope Hubble a souffert d'un nouveau problème au niveau de l'un de ses stabilisateurs gyroscopiques. Il s'est logiquement mis dans un mode de sécurité, ce qui stoppe les observations scientifiques, protège ses instruments et contacte les stations au sol pour faire un bilan et obtenir des instructions pour poursuivre ses opérations. Dans les jours qui ont suivi, l'équipe de la NASA en charge du télescope en orbite basse autour de la Terre a tenté de remettre le système gyroscopique en ligne, mais sans succès. S'il reste en panne (il y a encore des solutions logicielles à explorer), ce sera le troisième sur six à subir un arrêt depuis le remplacement de ces pièces lors de la dernière visite d'une navette au vénérable Hubble en 2009… Il peut fonctionner de manière dégradée avec deux, et même un seul gyroscope, mais c'est loin d'être idéal.
Le doyen regarde toujours l'Univers
De façon générale, il y a chaque année entre 2 et 3 pannes avec Hubble, ce qui n'est pas étonnant pour un véhicule spatial qui a fêté ses 34 ans ! Et comme toujours, le débat sur une potentielle mission de service surgit, avec de bons arguments de part et d'autre. L'agence américaine est confrontée à deux problèmes sur le sujet. Le premier, c'est son budget : même si elle est la plus riche du monde, la NASA n'a pas les moyens de financer de mission particulière pour s'occuper de Hubble. Pire, il y a même eu des débats politiques cet automne pour réduire le budget alloué au télescope en 2024. C'est le deuxième souci, techniquement Hubble « devait » être inopérable depuis déjà longtemps, mais il a si peu d'équivalents qu'il est préférable de poursuivre les mesures. La NASA, elle, a investi massivement et opère désormais le télescope James Webb, tandis que dans ses salles blanches, le futur télescope Nancy Grace Roman (NGR) est bientôt complet. Même la Chine lance Xuntian, son Hubble, l'an prochain.
Si c'est gratuit, Hubble est le produit.
Ceci étant, face aux innombrables commentaires chaque année pour sauver Hubble ou le ramener sur Terre, la NASA avait accepté l'an dernier de recevoir des propositions pour différents types de missions de service, pour autant que les constructeurs et opérateurs puissent en assumer eux-mêmes les coûts.
Le milliardaire Jared Isaacman, qui travaille main dans la main avec SpaceX pour son petit programme spatial privé Polaris, avait publiquement déposé une proposition. Malgré tout, le contenu n'en a jamais été révélé, que ce soit par la NASA ou par SpaceX. L'agence américaine aurait finalement reçu huit propositions. Et les débats font rage comme Hubble est en panne, sur les possibilités de missions pour s'en occuper.
Il n'y a pas profusion de solutions
En réalité côté SpaceX, les options disponibles sont très limitées, en dehors de l'utilisation d'un Starship (qui pourrait « gober » Hubble). Un cargo Dragon ou une capsule Crew Dragon pourraient s'amarrer à Hubble grâce à quelques modifications, mais ensuite ? En dehors de rehausser son orbite, ce serait très complexe : le système d'amarrage empêcherait des astronautes de sortir, il faudrait un bras robotisé pour sortir les pièces du « coffre » externe de la capsule, etc.
De la même façon pour d'autres opérateurs, sauf à développer des moyens techniques qui n'existent pas aujourd'hui (ou à les adapter, ce qui coûterait des centaines de millions), il y aurait peu d'options pour remplacer par exemple les gyroscopes. Ou changer un instrument. Peut-être, en envoyant un véhicule assurant lui-même l'orientation de Hubble ? Encore faudrait-il le synchroniser avec les demandes d'observation… Reste l'option la plus probable : malgré l'indignation publique que cela va représenter, Hubble pourrait bien terminer sa carrière lorsque surviendra la panne de trop.
Source : SpaceNews