Situé en orbite basse autour de la Terre, Hubble comme les télescopes au sol, fait face à un nombre grandissant de ses photographies polluées par des passages de satellites dans son champ de vision. Une étude a observé cet impact, limité jusqu'à maintenant, mais qui ne va cesser de grandir avec l'essor des superconstellations.
L'orbite de Hubble, qui s'abaisse, n'arrange rien.
Comme un léger trait sur l'image…
De façon étonnante, même avant que Hubble soit envoyé en orbite en 1990, des chercheurs avaient déjà publié une étude montrant qu'un nombre croissant de satellites artificiels allaient traverser le champ d'observation du télescope, provoquant des pertes fréquentes de résultats à cause de leur réflectivité élevée. Depuis 33 ans toutefois, le sujet est resté anecdotique ou presque : comme (presque) chacun le sait, le télescope Hubble est un incroyable succès et ses clichés partagés dans le monde entier ont fait avancer la science, la compréhension de l'univers et ont fasciné le public. Mais finalement, Hubble est-il de temps en temps victime des « streaks », ces traces lumineuses laissées par les satellites lors des photographies en exposition longue ? Et si oui, à quelle fréquence ? Une équipe menée par Sandor Kruk de l'Institut Max Planck a mené l'enquête sur les 20 dernières années. Et le premier constat est qu'environ 2,7 % des images du télescope orbital contiennent un ou plusieurs traits lumineux d'autres satellites. Peut-être plus important encore, ce chiffre augmente.
Plus on expose, plus il y a de traits
En effet, il semble que dans les dernières années, les apparitions de satellites sur les clichés de Hubble ont atteint pratiquement 5 % pour l'instrument ACS/Wide Field Camera (champ large). Une hausse qui est due à deux facteurs principaux : la hausse spectaculaire du nombre de satellites en orbite basse, et la baisse de l'orbite de Hubble. Le premier symptôme est amplement suivi, notamment par les observatoires astronomiques au sol et en particulier pour le cas de la constellation Starlink de SpaceX. Cette dernière se retrouve à nouveau sous le feu des projecteurs, pour une raison très simple, car elle vient de dépasser les 4 000 satellites en orbite. Avec la constellation de OneWeb (544 satellites actifs) et les autres concurrents qui se pressent au portillon, ce sont plusieurs dizaines de milliers d'unités qui seront probablement envoyées en orbite basse avant la fin de la décennie.
Les risques d'un passage devant Hubble augmentent proportionnellement, surtout que les clichés d'Hubble ne sont pas une question de secondes. La durée d'exposition typique pour une image est de 11 minutes… Et pour les champs profonds, cela peut aller jusqu'à plusieurs dizaines de jours. L'article, qui explore aussi les moyens logiciels de restaurer les poses dégradées par les traits, évoque pour l'instant des résultats peu satisfaisants.
Starlink monte, Hubble descend
Hubble est un peu en manque de chance par rapport aux constellations, et par rapport à Starlink. Lorsqu'il a été envoyé en orbite en 1990, il évoluait à pratiquement 550 km d'altitude, et à chaque visite de navette ce chiffre a pu augmenter un peu, pour lutter contre le constant, mais inévitable freinage généré par les rares particules atmosphériques présentes autour de la Terre. Aujourd'hui Hubble évolue sous les 537 km d'altitude, ce qui l'amène à passer de plus en plus régulièrement sous les couches de satellites Starlink (pour OneWeb c'était déjà réglé, ils sont à 1 200 km d'altitude).
On comprend mieux l'intérêt de la NASA (aidée d'ailleurs par SpaceX avec le programme privé Polaris) pour aller rehausser l'orbite du plus connu des télescopes !
Source : Universe Today