Elle a beau s'appeler V2 Mini, la nouvelle génération est plus imposante que l'ancienne... © SpaceX
Elle a beau s'appeler V2 Mini, la nouvelle génération est plus imposante que l'ancienne... © SpaceX

La méga-constellation de l'entreprise fondée par Elon Musk ne cesse de s'agrandir. Avec plus de 1 million de clients pour de la connectivité en orbite, SpaceX change de braquet avec une nouvelle génération de satellites Starlink. De meilleurs débits, des coûts d'exploitation plancher… mais des unités plus imposantes.

Starlink devrait continuer de grandir avant même de remplacer les anciens satellites.

Un parmi d'autres ?

En apparence, c'était un décollage d'un nouveau lot de satellites Starlink comme les autres. Il s'agissait du 7e en deux mois pour SpaceX qui a organisé les vols de son lanceur Falcon 9 à une cadence titanesque pour envoyer les milliers d'unités nécessaires à sa méga-constellation. Mais cette « grappe » de satellites était différente des autres, même si la fusée les a largués sur une orbite similaire. Ce sont en effet des unités améliorées (que SpaceX nomme « V2 mini ») qui ont décollé ce 28 février à 00 h 13 (heure de Paris) depuis Cap Canaveral.

Il n'y avait « que » 21 satellites sous la coiffe, au lieu des 51 à 55 habituels, car ce changement de génération implique un nouveau format pour les satellites de SpaceX qui sont beaucoup plus imposants : 800 kilos environ, 30 mètres de long une fois les deux panneaux solaires déployés et 4 mètres pour le corps principal du satellite !

Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce décollage, c'est faux. Mais on vous comprend, c'est déjà le 12e pour Falcon 9 cette année © SpaceX
Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce décollage, c'est faux. Mais on vous comprend, c'est déjà le 12e pour Falcon 9 cette année © SpaceX

Des capacités améliorées

Bien sûr, ce changement de taille s'accompagne d'une hausse considérable des capacités des satellites. Avec de nouvelles antennes, celle-ci a quadruplé selon SpaceX (qui ne précise pas exactement si c'est le débit). La firme utilisera également des transpondeurs en bande E pour les liaisons réseau avec les stations au sol. Avec cette amélioration, Starlink s'attend à une capacité d'accueil de plusieurs millions de nouveaux clients, en particulier dans les zones isolées et peu connectées, où les coûts des raccordements sont prohibitifs. Mais cette génération V2 dispose également de capacités de connexion directe avec les smartphones, projet qui n'est pas encore concrétisé côté Starlink pour l'instant.

SpaceX a également beaucoup travaillé sur ses coûts, en particulier pour la propulsion, avec de nouveaux propulseurs à effet Hall (ioniques-électriques) utilisant de l'argon à la place du krypton (10 fois moins cher). Conçus par les équipes de SpaceX, ils permettront des économies substantielles au prix d'une poussée légèrement moins élevée (et donc de déplacements plus longs pour mettre en place les unités dans la constellation). Les unités disposent aussi d'un nouveau revêtement pour limiter au maximum l'impact visuel de Starlink dans le ciel de nuit, complété par des manœuvres d'orientation sur les zones à l'aube et au crépuscule. En effet, avec plus de 3 600 unités en orbite pour l'instant, il s'agit bien de l'ensemble le plus ennuyeux (mais aussi le plus décrié par les astronomes, malgré les discussions) en fonction aujourd'hui.

La V1 reste reine en attendant Starship

Enfin, il ne faut pas s'imaginer que SpaceX va entamer du jour au lendemain sa transition vers la deuxième génération de sa constellation. D'une part, il reste un certain nombre de satellites V1.5 à envoyer en orbite, et on ne sait pas si la ligne de production a déjà terminé sa transition. De plus, il s'agit déjà d'évaluer la performance de ces grandes unités et de voir si elle correspond aux modèles avant d'augmenter la cadence… ce qui aura probablement encore un impact à la hausse sur le nombre de lancements de SpaceX. L'entreprise maintient un rythme ahurissant d'environ 7 à 8 décollages par mois, en attendant l'entrée en fonction de Starship et de ses nouvelles capacités pour envoyer encore plus de satellites Starlink en orbite basse.

Le véhicule étant en retard (bien que le premier tir orbital se rapproche), il est possible que SpaceX tente encore d'augmenter la pression sur ses trois sites de lancement pour déployer sa constellation et la faire basculer dans la rentabilité. La directrice de SpaceX, Gwynne Shotwell, a en effet déclaré en janvier que ces derniers mois, la hausse du nombre de clients et les différents contrats signés ont amené le projet à l'équilibre, et même à dégager quelques profits. SpaceX ne dévoilant pas ses comptes, il sera difficile d'en savoir plus… Mais l'installation en orbite de cette deuxième génération sera sans doute un pivot important pour que le projet génère des revenus.

Source : SpaceFlightNow