Beaucoup de satellites pour aller sur internet. © SpaceX
Beaucoup de satellites pour aller sur internet. © SpaceX

La puissante FCC américaine a donné les autorisations pour le déploiement de la deuxième phase du projet de mégaconstellation Starlink. SpaceX, qui demandait à envoyer 30 000 satellites supplémentaires, va devoir accepter de réduire ses ambitions. Mais l'entreprise rebondit avec une proposition orientée uniquement sur la défense.

Les conditions de déploiement se durcissent.

Starlink poursuit son expansion

Avec plus de 3500 satellites Starlink déjà envoyés en orbite (plus de 3000 y sont encore), le déploiement à grande vitesse de la super ou mégaconstellation de SpaceX est au centre de nombreux débats. L'entreprise américaine, qui s'est positionnée en premier sur ce segment très convoité de la connectivité en orbite basse a réussi à attirer plus de 500 000 clients et de nombreux contrats professionnels, notamment avec des navires de croisière et des liaisons par avion.

La prochaine génération de Starlink sera plus imposante et utilisera surtout Starship. © SpaceX
La prochaine génération de Starlink sera plus imposante et utilisera surtout Starship. © SpaceX

Mais Starlink n'a pas vocation à rester sur ces chiffres, car la firme de Hawthorne prépare sa deuxième génération. Des satellites plus gros, avec des transpondeurs plus capables, de meilleures antennes et des liaisons inter-constellation pour limiter le nombre de relais au sol nécessaires. Pour cela, SpaceX avait demandé une autorisation pour déployer 30 000 satellites (29 988 pour être précis) aux autorités américaines. La FCC (agence fédérale des communications) a autorisé ce 1er décembre une expansion de 7500 satellites… Mais pas plus, pour le moment. Ils seront positionnés sur des orbites comprises entre 525, 530 et 535 kilomètres d'altitude.

Une deuxième génération sous conditions

En surface, tout le monde est content. SpaceX d'abord, qui va pouvoir envoyer deux fois plus de satellites qu'actuellement, à l'aide de Falcon 9 mais aussi et surtout de Starship dans un futur plus ou moins proche. Avec en ligne de mire un accroissement significatif du nombre de ses clients… Et la FCC aussi, qui se donne le temps d'observer la deuxième vague de Starlink tout en gardant le contrôle et en serrant la vis sur les conditions de déploiement.

En effet, non seulement ce sont 20 000 satellites de moins que demandé, mais le contrôle sur les opérateurs s'est (un peu) affermi. Des orbites plus limitées, des capacités de désorbitation obligatoires en moins de 5 ans, la FCC s'est donné de nouveaux outils. Y compris un compte des satellites en panne à l'année, qui ne doit pas dépasser un certain seuil, sans quoi de nouveaux déploiements sont interdits. L'agence américaine a également demandé plus de travaux sur les fréquences, l'amélioration des catalogues en orbite et une meilleure coordination avec les autres opérateurs de constellations, qu'elles soient spécifiques aux communications (comme OneWeb ou Kuiper) ou non (comme Planet ou Spire).

Comme ce n'est pas sa mission, la FCC n'a cependant mis en place aucun mécanisme par rapport aux demandes des astronomes.

Starshield, l'appel du pied aux militaires

À présent que SpaceX est capable de concevoir, de lancer, d'opérer et de gérer une chaîne d'approvisionnement complète jusqu'aux antennes pour des centaines de milliers de clients autour du globe, l'entreprise tente d'étendre ses services. Et pour cela, le gouvernement américain et les besoins de ses militaires sont toujours en ligne de mire. Ces derniers ont déjà testé Starlink, avec des évaluations dithyrambiques, qui ont mené par exemple aux recommandations pour les militaires ukrainiens.

Mais la défense américaine rechigne à s'en équiper, car il s'agit d'un réseau public et commercial, et qu'un gouvernement aussi soucieux ne veut pas y faire transiter ses données. Comme souvent, il y a des besoins spécifiques. Qu'importe ! SpaceX peut tout à fait construire des palettes de satellites identiques au Starlink avec des capteurs différents, ou des antennes différentes, ou des systèmes électroniques blindés. Mais ces activités seront séparées du réseau commercial, et s'appelleront donc… Starshield.

Il y a débat pour savoir s'il s'agit d'une photographie prise sur un satellite Starshield de test ou sur l'un des derniers modèles de Starlink. © SpaceX.

La proposition n'est pas détaillée pour l'instant pour le grand public (le sera-t-elle jamais ?), mais Starshield est présent sur le site internet de SpaceX pour en expliquer le concept. Il s'agit véritablement de proposer aux gouvernements, pas que celui des États-Unis par ailleurs, un produit spécifique à leurs besoins.

Qu'il s'agisse d'une grappe de satellites équipés de capacités d'observation terrestre en HD, de récepteurs pour les antennes militaires, d'un réseau chiffré ou d'autres capteurs, SpaceX en serait le maître d'œuvre de la conception jusqu'à livraison du produit « final ». La logique est facilement compréhensible, comme l'entreprise produit déjà plus d'un millier de satellites par an, la plateforme, elle, est toute trouvée… Il s'agit de mettre dessus ce dont les gouvernements et la défense a besoin. Quitte à le facturer au prix fort.

Source : Space News