L'opérateur de connectivité par satellite OneWeb se relance, 8 mois après l'invasion de l'Ukraine et le début de ses difficultés avec la Russie, avec le décollage de 36 satellites. Le tir a eu lieu depuis l'Inde le 22 octobre et marque l'ouverture du pays à de nouvelles opportunités spatiales commerciales.
OneWeb espère désormais 5 lancements avant le printemps prochain.
Après la pluie…
Le ciel s'éclaircit enfin pour OneWeb. Après la faillite de l'entreprise en 2020, puis l'envoi réussi de multiples grappes de satellites en 2021, le groupe espérait que 2022 serait l'année des premiers bénéfices. Mais depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février dernier, les obstacles ont été nombreux.
D'abord des sanctions et contre-sanctions ont stoppé la collaboration entre Arianespace (qui avait commercialisé les fusées pour envoyer les satellites OneWeb vers l'orbite) et Roscosmos (qui fabrique et opère les fusées Soyouz). Ensuite, la « prise d'otage » d'une grappe de 36 satellites OneWeb, toujours bloquée aujourd'hui à Baïkonour avec son décollage annulé, a eu lieu. OneWeb a réussi le tour de force de trouver en quelques mois des solutions de secours, même si cela a nécessité de passer par un concurrent indirect (SpaceX) et un fournisseur inattendu, NewSpace India Limited, qui propose à l'international des fusées indiennes.
Les grands progrès indiens
Ce 22 octobre à 20 h 37 (heure de Paris), la plus imposante des fusées indiennes, la GSLV Mark 3, a décollé pour la première mission commerciale de sa carrière avec 36 satellites OneWeb à son bord. La mission à destination de l'orbite basse a duré 19 minutes et 45 secondes, auxquelles il a fallu ajouter pratiquement une heure et demie d'éjections de groupes de 4 satellites. Ces derniers pèsent chacun 145 kg et ont depuis ouvert leurs panneaux solaires, puis allumé leurs propulseurs ioniques-électriques pour commencer leur lent voyage vers le maillage de la constellation située à environ 1 200 km d'altitude.
Le succès indien a un goût de revanche sur les difficultés de OneWeb, mais aussi pour l'Inde, qui tente de sortir la tête haute d'une période très compliquée entre la crise sanitaire liée à la COVID-19, des problèmes d'approvisionnement pour son secteur spatial et une transition entre public et privé qui prend du temps. C'était d'ailleurs la plus imposante charge utile de tous les temps pour un lanceur indien. À noter que l'opérateur indien Bharti Global, qui détient la majorité des parts de OneWeb, s'est félicité d'avoir été un élément déterminant du choix de l'opérateur.
OneWeb espère clore un chapitre
Dans les mois qui viennent, OneWeb (qui a multiplié les partenariats commerciaux cette année) espère vivement terminer le déploiement de la première version de sa constellation pour atteindre les 648 unités en orbite. De quoi envisager plus sereinement une deuxième phase, mais aussi d'assurer une couverture idéale du globe avec les satellites existants. Indispensable pour les services aériens et navals ainsi que la couverture des zones isolées et polaires.
Il reste pour cela au moins une grappe de 36 satellites qui décollera également depuis l'Inde, à Sriharikota, mais aussi trois tirs avec Falcon 9 de SpaceX avec des dispositifs de déploiement de plus grande capacité (46 à 48 satellites).
Source : SpaceFlightNow