L'opérateur de la constellation de satellites OneWeb pour l'accès internet était en faillite depuis mars. C'est un drôle de consortium, entre le gouvernement anglais et l'opérateur indien Bharti Global, qui a finalement remporté le dossier.
Mais il faudra peut-être plus qu'un investissement de 500 millions chacun pour un déploiement complet.
OneWeb, c'est reparti
Le secret est resté bien gardé jusqu'à ce 3 juillet 2020, que ce soit du côté de OneWeb ou de ses repreneurs. Depuis le 27 mars, l'entreprise était sous la protection du « chapitre 11 » de la loi américaine qui gère les faillites avant un démantèlement, une reprise partielle ou totale. Que ce soit pour les bandes de fréquences allouées à ses satellites, ses 74 unités déjà en orbite ou ses accords autour du monde, le dossier allait probablement aiguiser quelques appétits, mais nécessitait une grosse capacité d'investissement (et le contexte de crise actuel n'apporte pas beaucoup de garanties).
C'est finalement le gouvernement britannique et l'opérateur de téléphonie indien Bharti Global qui vont aider OneWeb à se remettre sur pied. Chacun des deux acteurs investit 500 millions de dollars.
Une alliance étonnante
La manœuvre ne surprend pas outre mesure pour Bharti Global. Le groupe indien, troisième opérateur mondial en termes de clients, dispose d'une base de plus de 425 millions de clients pour ses services mobiles. En sachant que l'entreprise veut augmenter son emprise sur l'Asie du Sud-Est, mais aussi sur le marché africain, il n'est donc pas étonnant que Bharti participe à ce rachat.
C'est toutefois plus surprenant de la part du gouvernement anglais, qui souhaite, avec cette somme « assurer l'indépendance du Royaume Uni dans l'espace ». Le secrétaire d'état Alok Sharma a déclaré à cette occasion « cet accès à une flotte globale de satellite a le potentiel de connecter des millions de personnes à internet dans le monde, bon nombre d'entre eux pour la première fois, et cet accord nous donne l'opportunité de développer nos capacités de production ici au Royaume-Uni ».
Plusieurs fuites dans la presse, les jours précédant l'annonce, évoquaient aussi la possibilité (peu simple, et très chère) pour les anglais de rajouter à OneWeb des capacités de positionnement autonomes, ou pour complémenter le GPS.
Une mesure qui serait vue comme un pied de nez à la constellation européenne Galileo, à laquelle le Royaume Uni a beaucoup participé… Et dont certaines fonctionnalités lui sera exclues suite au Brexit.
Il faudra reprendre vite…
Le dossier ne sera pas finalisé avant le dernier trimestre de 2020, même si le communiqué de OneWeb stipule que l'entreprise cherche à reprendre au plus vite les activités de production et de lancement, abandonnées depuis fin mars.
Tout laisse donc penser que, dans un premier temps au moins, le plan de déploiement de la constellation de connectivité sera celui qui était initialement imaginé.
Reste à espérer que cette somme d'argent sera suffisante pour relancer l'intérêt du service, et que les conséquences de la faillite n'impactent pas trop la reprise des activités (les regards se portent notamment sur Arianespace, à qui OneWeb avait commandé 21 lancements de Soyouz et le vol inaugural d'Ariane 6).
Source : Space News