Quel rebond ! Moins d'un an après l'annonce du rachat de OneWeb, alors en faillite, l'entreprise vient de réussir, grâce à son partenariat avec Arianespace, cinq lancements consécutifs. Avec 254 satellites, son réseau couvre toutes les zones au nord du 50e degré de latitude. Et cette fois, les fonds affluent.
Prochaine étape, l'hémisphère Sud ?
36 de plus, donc 254
14 h 48 (Paris), au crépuscule de ce 1er juillet sur le site de lancement de Vostotchnyi : les moteurs de Soyouz 2.1b rugissent avant que le lanceur ne s'élance au-dessus des conifères dans une clarté orangée. Le décollage est un classique russe maîtrisé. Une dizaine de minutes plus tard, c'est l'étage supérieur Fregat qui se charge de transporter les 36 satellites sur l'exacte orbite visée, puis d'éjecter les satellites par paire ou quatuor. La séquence dure quatre heures, mais les Russes n'en sont plus à leur coup d'essai. Depuis décembre dernier, c'est le cinquième lancement d'affilée depuis le site de Vostotchnyi, isolé dans l'Est russe près de la frontière chinoise… Et les décollages OneWeb y sont devenus la routine.
Avec les 6 satellites prototypes envoyés en 2019, puis les 68 satellites qui ont décollé début 2020, la constellation atteint à présent les 254 unités en orbite polaire. Un petit exploit un an après la faillite, avec une chaîne de production qui tourne à un rythme de croisière dépassant un satellite (150 kg) produit chaque jour sur le site accolé au Centre Spatial Kennedy, sur la Space Coast. Il faudra tenir : en tout, il devrait rester 10 lancements.
Le maillage, c'est chronophage
Il faudra du temps pour que les 254 satellites soient tous en place au sein du maillage orbital de la constellation OneWeb. Car c'est un véritable réseau qu'il faut construire, en espaçant précisément les satellites, en les positionnant, en s'assurant qu'il est possible de les redéployer en cas de panne. Sans oublier de gérer les débris.
Et puis, tout simplement, il leur faut rejoindre leur altitude opérationnelle. L'éjection des « grappes » de 36 satellites est menée à environ 550 km du sol terrestre… Mais la constellation opère à 1 200 km d'altitude ! Pour rejoindre les autres satellites, il faut donc que les unités allument leurs petits moteurs ioniques-électriques durant plusieurs mois.
Par conséquent, même si le pari de OneWeb, qui a baptisé l'opération « 5 to 50 » est déjà réussi, la couverture « effective » de toutes les zones au-delà du 50e degré de latitude nord ne démarre qu'à l'automne… Et le service payant de OneWeb avec ! Rappelons que ce dernier n'est pas directement en prise avec le client comme Starlink, mais s'appuie sur les opérateurs locaux qui fournissent l'infrastructure au sol, OneWeb les connectant au réseau mondial via ses satellites.
Qui veut 500 millions ?
La bonne santé et les prospects importants de la constellation attirent les investisseurs. Rappelons que les deux « propriétaires » de OneWeb, là pour sortir l'entreprise de la faillite, sont le gouvernement anglais et l'opérateur mobile indien Bharti Global (environ 500 millions chacun). À la fin du printemps, le géant des télécom français Eutelsat avait à son tour placé 550 millions pour obtenir des parts de l'entreprise… Une surprise, étant donné qu'Eutelsat prônait jusqu'ici un modèle fondé sur de grandes unités en orbite géostationnaire. Mais ce n'est pas terminé, d'autant que l'on sait que pour préparer une constellation géante de ce genre, il faut injecter milliards sur milliards.
Résultat, le 29 juin, Bharti Global a exercé une option et a de nouveau investi 500 millions supplémentaires, pour bénéficier à présent de 38,6 % de l'entreprise. Assez pour façonner un géant de la connectivité en orbite basse ? Reste à savoir si le groupe survivra à la concurrence, si son modèle commercial est effectivement viable et si les astronomes (qui restent pénalisés par Starlink, mais aussi par OneWeb) auront un jour leur voix entendues internationalement.
Source : SpaceNews