Les attaques qui sont actuellement menées dans la mer Rouge par les rebelles Houthis du Yemen contre des porte-conteneurs vont affecter l'ensemble du commerce mondial.
Le retour du conflit israélo-palestinien sur le devant de la scène mondiale a des effets qui dépassent de très loin la bande de Gaza. Car depuis plusieurs semaines, les rebelles Houthis, qui contrôlent un tiers du territoire du Yémen, se sont, en soutien aux Palestiniens, mis à attaquer des porte-conteneurs passant le détroit de Bab el-Mandeb ayant des liens avec Israël. Un détroit extrêmement stratégique, où transite 12% du commerce mondial.
Depuis, malgré l'établissement d'une coalition internationale d'une dizaine de pays menée par les États-Unis pour rétablir le calme, des géants du transport maritime comme CMA CMG ont annoncé suspendre la traversée de la mer Rouge.
Des trajets plus longs et plus chers
L'opération navale multinationale « Prosperity Guardian » réussira-t-elle à ramener la sécurité dans le détroit de Bab el-Mandeb ? Si les premières réponses devraient rapidement nous être apportées, les grands transporteurs sont de moins en moins enclins à prendre le risque de traverser l'étroit détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare l'Érythrée et Djibouti du Yémen d'une trentaine de kilomètres.
Résultat, les plus grands transporteurs comme MSC (numéro 1 mondial), Maersk (numéro 2) CMA CMG (numéro 3) ou Hapag-Lloyd (numéro 5) ne passent plus par le canal de Suez. Certains d'entre eux, pour connecter l'Asie à l'Europe, prennent dorénavant la route plus longue qui contourne le cap de Bonne-Espérance. Mais devoir passer au large de l'Afrique augmente considérablement le temps de transport, qui passe en moyenne de 25,5 à 34 jours. Les coûts de transport par voie marine en subissent le contrecoup, avec une augmentation de 4% ces dernières semaines.
Les produits de consommation sont les plus touchés
Des coûts que les entreprises pourraient bien être tentées de répercuter sur les consommateurs. Mais au-delà même de ce problème, l'allongement des temps de transport ont un effet disrupteur sur les chaînes d'approvisionnement mondiales. Les produits de consommation sont les plus touchés par ce problème, parmi lesquels les produits électroniques.
Le média Techpowerup a ainsi pu apprendre directement auprès de ses sources à Taïwan que les fabricants du pays avaient leurs produits installés dans certains des bateaux qui ne passent plus par le détroit de Bab el-Mandeb, et attendent le déploiement de l'intervention internationale. Pour rappel, l'île est un élément incontournable de la production électronique mondiale. En 2022, 60% des semi-conducteurs fabriqués dans le monde l'étaient à Taïwan. De quoi s'attendre à une hausse des prix de produits électroniques ?
Les spécialistes se veulent pour le moment rassurants, pointant du doigt le fait que les coûts actuels du transport maritime sont toujours plus bas que ceux de l'an dernier, et bien plus bas encore qu'en 2021, à l'époque du Covid. Le propos sera-t-il toujours le même si l'opération Prosperity Guardian n'amenait pas rapidement les Houthis à arrêter leurs attaques ?
Source : Tom's Hardware, Techpowerup, BBC