Un compteur Linky © Alexandre Boero / Clubic
Un compteur Linky © Alexandre Boero / Clubic

Joseph Cascina, client électrosensible, a remporté son combat en justice contre Enedis, obtenant le retrait de son compteur Linky. Une décision qui pourrait influencer d'autres affaires et soulève des questions sur l'électrosensibilité.

Il y a quelques semaines, les trois juges de la Cour d'appel de Lyon ont rendu leur verdict et offert la victoire à Joseph Cascina, en invoquant le principe de précaution. L'homme, qui a découvert son électrosensibilité après l'installation de son compteur Linky, vivait un calvaire, se plaignant notamment de sifflements constants occasionnant des migraines. Le collectif Stop Linky 5G, qui a soutenu le plaignant du début à la fin, espère que la décision fera définitivement jurisprudence.

Des symptômes complexes, et un long combat contre Linky et Enedis

Joseph Cascina, qui ne faisait pas état de souffrance particulière avant l'installation du compteur Linky à son domicile, a rapidement développé une sensibilité électromagnétique avec des sifflements dans la tête. « Et c'était en permanence », a-t-il indiqué à nos confrères de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Les cachets pris le matin ou le soir n'y changeaient rien.

Face au silence d'Enedis, Joseph s'est lancé dans une bataille légale qui durera trois ans. Après son succès en première instance à Saint-Etienne, l'homme a triomphé devant la cour d'appel de Lyon, forçant Enedis à retirer le Linky et à réinstaller un ancien compteur. Le principe de précaution a prévalu. D'un point de vue juridique, il permet de justifier des mesures comme le retrait du compteur, même en l'absence de certitudes scientifiques.

L'électrosensibilité, ou l'hypersensibilité au courant électrique, bien que sans preuve scientifique directe, peut avoir des conséquences sociales et professionnelles importantes. Elle n'est pas reconnue comme une maladie, mais l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) lui attribue des maux de tête, une fatigue chronique et des réactions cutanées face aux champs électromagnétiques.

Le collectif stéphanois "Halte au contrôle numérique" a salué la victoire de Joseph © Capture d'écran Facebook
Le collectif stéphanois "Halte au contrôle numérique" a salué la victoire de Joseph © Capture d'écran Facebook

Les opposants au compteur Linky ne comptent pas s'arrêter là

Si les troubles de l'hypersensibilité ne semblent pas, en l'état actuel des connaissances, évoluer vers des problèmes graves, l'impact sur la vie sociale et professionnelle des patients peut être significatif. S'il ne vaut pas avis médical, le problème a été notamment popularisé dans la série Better Caul Saul dans laquelle le frère du personnage principal, incarné par Michael McKean, affirmait souffrir de ce mal (bien que dans le show, il n'était que psychologique).

Des spécialistes installés à Lyon, Saint-Étienne et Clermont-Ferrand participent à une étude justement menée par l'ANSES sur l'électrosensibilité. L'objectif de cette dernière est de mieux connaître les patients et d'établir une épidémiologie précise pour proposer une prise en charge adaptée. Les résultats sont attendus en 2025 seulement.

Le collectif Stop Linky 5G Loire espère désormais que la victoire de Joseph simplifiera les procédures lancées contre le petit boitier vert pour d'autres clients d'Enedis. Ils préconisent d'ailleurs une demande de dépose administrative facilitée sur présentation de certificats médicaux. Enedis, bien que mettant en avant une exception, se base sur une étude de l'ANSES pour affirmer que les niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques du Linky restent comparables à d'autres dispositifs domestiques. En attendant, les anti Linky ont obtenu une nouvelle victoire, après celle notamment remportée le 29 juin dernier à Valence.

Sources : France 3, ANSES