La prochaine génération de réseaux mobiles 6G n'élève pas autant d'enthousiasme que ses prédécesseurs, au point même de questionner sa légitimité.
Le réseau de télécommunications 5G est encore très récent en France, la plupart des Français n'y ayant accès que depuis environ deux ans. Pourtant, le secteur de la télécommunication travaille déjà sur la 6G, dont le déploiement est programmé en Europe et à travers le monde à l'horizon 2030. Un réseau encore plus rapide, dont certains spécialistes interrogent l'utilité, les innovations accompagnant les 5G n'étant pas encore particulièrement saillantes. Alors à quoi bon courir vers un nouveau réseau ?
Une 5G pour le moment encore stérile
L'histoire du développement de la téléphonie est indissociable de celle de ses générations de réseau mobiles. Ainsi, si les SMS ont pu voir le jour avec la 2G, les plus anciens se souviennent encore de la révolution que fut la 3G, grâce à laquelle des photos et des vidéos ont pu être échangés. La 4G est celle dont l'apport est le moins discuté, puisqu'elle a transformé nos téléphones en véritables petits ordinateurs, le smartphone devenant à ce moment-là pour beaucoup plus important que les PC.
La 5G fait pour le moment pâle figure en comparaison, cette dernière n'étant pour le moment reliée à aucune révolution similaire à celle citées juste avant. Cette nouvelle génération a pourtant, selon des chiffres de la FFTélécoms, nécessité un investissement total de la part des opérateurs français de 11 milliards d'euros depuis 2020, afin d'édifier de nouvelles antennes. Et ce sans obtenir de hausse de revenus correspondante. De quoi les rendre plus sceptiques sur la 6G.
L'innovation incrémentale à la place du saut générationnel ?
« Il faut que la 6G soit une progression continue, mais pas forcément un saut générationnel » explique ainsi aux Échos le directeur de la technologie et de l'innovation chez Orange Bruno Zerbib. Et pour justifier son affirmation, il explique la 5G n'a à ce jour servi qu'à améliorer la qualité du réseau des télécommunications du pays.
« Pour le moment, la 5G a surtout permis de désengorger les réseaux 4G » résume-t-il. D'autres voix en Europe ont aussi exprimé leur scepticisme sur la future 6G, et souhaitent repasser à un modèle plus incrémental. « Avancer avec des cycles de dix ans et des performances dix fois supérieures par rapport au cycle précédent [ne semble] pas un modèle soutenable » avait de son côté déjà indiqué la directrice de la recherche chez BT Maria Cuevas. Des critiques qui seront à nouveau exprimées en février prochain, à l'occasion de l'édition 2024 du Mobile World Congress de Barcelone ?
Source : Les Echos