Des révélations du journal suisse alémanique Republik montrent que les services secrets du pays ont mis l'ensemble de la population sous surveillance.
Avec le développement des technologies de communications, les services secrets des grands pays ont de plus en plus d'outils à leur disposition pour mener leurs missions de surveillance. Certains, comme Pegasus, consistent en des instruments utilisés pour espionner des personnes particulières, quand d'autres, plus invasifs, peuvent tout bonnement mettre l'ensemble d'un pays sous écoute. Des systèmes extrêmement problématiques, découverts avec les fuites d'Edward Snowden en 2013, qui ont aussi été mis en place en Suisse.
Une surveillance analogue à celle dénoncée par Edward Snowden
En 2013, le monde découvrait avec les révélations d'Edward Snowden que la NSA, l'agence d'espionnage américaine chargée du renseignement d'origine électromagnétique, effectuait une surveillance de masse sur les citoyens du pays. Un précédent dangereux, depuis souvent invoqué quand un pays souhaitait améliorer ses capacités d'interception à l'aide de nouvelles législations.
Ainsi, en 2016, quand la Suisse faisait voter par référendum une nouvelle Loi fédérale sur le renseignement, nombreuses étaient les voix à s'inquiéter d'une dérive similaire. Dérive qui se confirme aujourd'hui avec des documents (correspondance officielle et dossier judiciaires) obtenus par le média alémanique Republik.
Ceux-ci montrent que l'ensemble des communications internet du pays sont mis sous surveillance. À l'instar du système mis en place une décennie auparavant par la NSA, dès qu'un des mots-clés établis par les services est découvert dans les communications, l'ensemble du message est envoyé au centre des opérations électroniques du Département fédéral de la défense. Il est alors décrypté, avant d'être transmis, si nécessaire, aux équipes du renseignement concernées.
Une promesse rompue ?
Le système est assez établi pour que le Département de la défense ait admis, dans les documents judiciaires consultés, que les communications « domestiques » étaient bien lues. Point encore plus litigieux, la surveillance serait non seulement massive, mais aussi particulièrement indiscriminée. Ainsi, comme le souligne Republik, le caractère secret de correspondances traditionnellement protégées, comme les échanges entre les avocats et leurs clients, ou les journalistes et leurs sources, est mis en danger.
La nouvelle risque de faire d'autant plus polémique qu'à l'époque du vote, plusieurs hauts dirigeants du Service de renseignement de la Confédération avaient publiquement assuré que la loi n'entraînerait pas de surveillance, que celle-ci n'était pas planifiée, et qu'aucun citoyen suisse ne serait de son fait espionné, que ce soit sur le territoire national ou à l'étranger. Le document d'explication envoyé avec le matériel de vote indiquait par ailleurs que cette réglementation était « si étroite que ce moyen ne peut être utilisé que contre des menaces spécifiques et qu'une surveillance globale de tous les citoyens est exclue. » Le résultat est semble-t-il légèrement différent.
Source : Republik