Le Rabbit r1 est un petit objet qui ne paye pas de mine, mais qui a de grandes ambitions.
Nous vous avions prévenu : l'intelligence artificielle sera encore au rendez-vous cette année. ChatGPT et d'autres grands modèles de langage ont lancé une tendance qui prend d'assaut le monde, et le CES 2024 notamment.
Cependant, si cette fête de la technologie voit apparaitre de nombreux concepts et produits alimentés par l'IA, peu d'entre eux semblent vraiment originaux. À l'exception, peut-être, de ce que Rabbit nous a présenté ce mardi 9 janvier.
Votre nouveau concierge de poche
Avez-vous déjà eu l'impression que votre assistant vocal, tel que Google Assistant ou Amazon Alexa, était un peu trop limité ? Ces services, bien que de plus en plus fonctionnels, sont encore contraints par la volonté des développeurs de leur ouvrir leurs services. Chaque commande vocale doit correspondre à une interaction spécifique, et les choses ne vont pas beaucoup plus loin. Même si des IA comme ChatGPT promettent d'améliorer l'interface avec l'utilisateur, la technique risque de rester bridée par les différents systèmes et leurs API.
C'est là qu'intervient Rabbit et son r1. Ce petit appareil, avec son écran de 2,88 pouces et sa molette de défilement, a plus d'un tour dans son sac. En effet, en étant capable d'invoquer un « grand modèle d'action », il peut apprendre à interagir avec des applications web sans que les développeurs aient besoin de faire quoi que ce soit, du moins en théorie.
En effet, l'IA de l'entreprise est capable de naviguer et d'interagir « visuellement » avec des applications conçues pour être parcourues par des humains. Elle est capable de reconnaître les différents boutons, champs de texte et autres informations affichés par les services, puis de les retransmettre à l'utilisateur ou de les manipuler à la demande de ce dernier. En fait, le Rabbit r1 n'est qu'une sorte de nouvelle interface alimentée par l'IA pour naviguer dans une partie des écosystèmes numériques que nous utilisons déjà.
Une nouvelle façon d'utiliser nos services numériques
Si l'entreprise a déjà entraîné son produit à exploiter certains services populaires de livraison, de VTC, de streaming musical ou de messagerie, les utilisateurs peuvent aussi le faire à leur convenance. Il leur sera donc possible de montrer au r1 comment utiliser leurs applications préférées, des services de prise de notes aux éditeurs d'images.
Une fois que l'IA aura pris ses marques, il suffira d'appuyer sur le bouton de l'appareil pour lui demander, vocalement, d'effectuer une action particulière. Et, c'est là que réside l'intérêt de cette petite boîte orange : dans sa capacité supposée à simplifier et à automatiser à l'extrême les interactions homme-machine. En l'état, le concept ressemble beaucoup à un Zapier ou un IFTTT alimenté par l'IA, mais également à un concurrent potentiel des smartphones.
En effet, le Rabbit r1 n'a pas besoin de se connecter à un autre appareil pour fonctionner. Doté d'une puce MediaTek cadencée à 2,3 GHz, de 4 Go de RAM et de 128 Go de stockage, il peut accueillir une carte SIM et est même équipé d'un appareil photo. Tout cela est orchestré par un système d'exploitation maison, Rabbit OS, qui fournit l'interface par laquelle les utilisateurs peuvent interagir avec l'appareil. Pour pousser encore plus loin la comparaison avec nos téléphones portables, son créateur précise que sa batterie durera une journée entière.
Un mirage qui pourrait devenir réalité
Alors, sommes-nous vraiment en train d'assister à l'avenir de la téléphonie mobile boostée par l'IA ? Les limites du r1 sont encore assez floues, et il reste à voir comment ce gadget et son intelligence artificielle se comporteront une fois dans la nature. Et, si tout se passe bien, cela ne saurait tarder, puisque Rabbit prévoit de le commercialiser à partir du printemps 2024 pour la modique somme de 200 euros.
Pour l'instant, les choses semblent bien se passer, puisque l'entreprise annonce avoir atteint son premier seuil de 10 000 commandes et compte augmenter la cadence de production dans les semaines à venir. Reste à savoir si elle tiendra ses promesses, et surtout si son modèle économique, quel qu'il soit, fonctionnera. L'utilisation des grands modèles de langage (et d'action) a un coût que les 200 € du r1 ne soutiendront sûrement pas très longtemps.
Avons-nous affaire à une start-up qui va sombrer aussi vite qu'elle est apparue, avec un produit aussi ambitieux qu'inutile ? Après tout, le lapin, emblème de la marque, fait un peu référence à Alice au pays des merveilles. Il faudra attendre encore un peu pour en avoir le cœur net. D'autant qu'il a été assez difficile pour certains journalistes sur place de se faire une idée du produit, la faible connexion Wi-Fi de l'hôtel où il est présenté toussant un peu. Ce qui n'est pas sans poser des problèmes pour un appareil qui a beaucoup besoin de se connecter à des services web pour fonctionner.
Rabbit n'est toutefois pas la seule entreprise à se lancer à l'assaut des smartphones, AI Pin ayant exactement les mêmes ambitions. Reste à voir si l'intelligence artificielle pourra sonner le glas de ces appareils qui ont colonisé nos poches, ou si elle les fera entrer dans une nouvelle ère.