En 2023, l'intelligence artificielle a envahi le rayon Kindle d'Amazon. En 2024, elle conquiert le cœur des lecteurs les plus intransigeants.
ChatGPT est très polyvalent. On peut lui poser des questions de culture générale, corriger un document ou le résumer. Il peut aussi générer une lettre de motivation, une liste de tâches, et peut même être utilisé pour trouver la recette du meilleur milkshake de la galaxie.
Il est donc tentant d'utiliser cet outil pour faciliter des tâches plus ardues et fastidieuses, comme une dissertation ou l'écriture d'un livre. À l'image de Rie Kudan, une écrivaine japonaise qui vient de mettre de l'huile sur le feu du débat sur la place de l'IA générative dans l'art.
Une collaboration inattendue ?
Si vous appreniez que le dernier ouvrage de votre écrivain préféré a été en partie écrit par ChatGPT, comment réagiriez-vous ? Cette question n'est plus à poser pour les fans de Rie Kudan, car c'est exactement ce qu'elle a fait pour son dernier titre, Tokyo-to Dojo-to.
L'artiste de 33 ans a, en effet, déclaré avoir « employé tout le potentiel de l'IA pour écrire ce livre ». Pas moins de 5 % de tous les caractères de l'ouvrage auraient été générés par l'outil OpenAI, principalement des dialogues tirés de conversations entre elle et ChatGPT.
Elle aurait confié au programme conversationnel des pensées dont elle « ne peut parler à personne d’autre », créant ainsi une interaction qui aurait libéré sa créativité… avant d'en copier-coller certains passages. Ce qui n'est peut-être pas si surprenant, venant d'une auteure qui a régulièrement traité le thème de l'intelligence artificielle dans ses œuvres.
Mais voilà, il ne s'agit pas de n'importe quel livre écrit par n'importe qui. Kudan vient de recevoir le prix Akutagawa, le plus prestigieux des prix littéraires japonais. Et pour cause : selon le jury, Tokyo-to Dojo-to, littéralement « La Tour de la compassion de Tokyo », serait d'une « telle perfection qu'il est difficile d'y trouver des défauts ».
Chapeau bas à l'artiste, et… félicitations aux ingénieurs derrière ChatGPT ?
Un événement qui pourrait avoir un impact significatif
Alors, coup de génie ou succès immérité ? D'une certaine manière, le cas de Kudan est très semblable à celui de Kris Kashtanova et de son roman graphique Zarya of the Dawn, dont les illustrations ont été générées à l'aide de Midjourney. En 2022, le United States Copyright Office a jugé que les différents choix effectués par l'artiste lui conféraient la paternité légale de l'œuvre. On pourrait en dire autant de notre auteure japonaise, qui n'a fait qu'utiliser un outil comme n'importe quel autre.
Cependant, Zarya of the Dawn indiquait sur sa couverture qu'il avait été créé à l'aide d'une intelligence artificielle, ce qui n'est pas le cas de Tokyo-to Dojo-to. Et, c'est peut-être là que le bât blesse : le livre aurait-il reçu une reconnaissance aussi prestigieuse si son auteure avait indiqué son modus operandi ? Il faudra attendre pour le savoir, car pour l'instant, l'organisation du prix Akutagawa n'a fait aucun commentaire.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle intervient alors que les procès se multiplient contre des entreprises comme OpenAI, et que l'IA est de plus en plus au cœur de débats et des interventions politiques. Il n'est d'ailleurs pas impossible que les politiques japonais se penchent sur le sujet dans les jours à venir, étant donné l'importance de l'événement.
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Source : Franceinfo