Si l'horloge de nos PC est à l'heure, c'est un peu grâce à David Mills © rangizzz / Shutterstcok
Si l'horloge de nos PC est à l'heure, c'est un peu grâce à David Mills © rangizzz / Shutterstcok

Vous êtes-vous déjà demandé comment votre ordinateur ou votre smartphone étaient capables de deviner l’heure en un clin d’œil ? Et bien, c’est en partie grâce à David Mills, un pionnier de l’Internet, mort à l’âge de 85 ans, le 17 janvier 2024.

Nous n’y prêtons même plus attention, mais, contrairement à nos bonnes vieilles montres mécaniques, l'heure de nos appareils électroniques est constamment synchronisée, à la milliseconde près. Ce petit exploit est dû à l’utilisation du Network Time Protocol, un outil capable de synchroniser l’horloge de nos appareils avec un référentiel commun à tout l’Internet. Cette idée, banale aujourd’hui, nous la devons à David Mills, tout récemment décédé.

Inventé en 1985, toujours d’usage aujourd’hui

Ingénieur de profession, David Mills rentre à Comsat, un opérateur de satellite basé à Washington, en 1977. Il y découvre l’ARPANET, l’ancêtre de notre Internet actuel. Fasciné par les possibilités du réseau, il identifie rapidement un problème crucial : le manque de synchronisation précise des horloges entre les différentes machines. Pour assurer l’intégrité des données échangées et la sécurité du réseau, il était essentiel pour les machines qui l’utilisaient de partager un « fuseau horaire » commun extrêmement précis.

Sans moyen de consulter une horloge atomique centralisée, des infrastructures essentielles, telles que les centrales électriques, bricolaient chacune des moyens de se garder à l’heure avec une précision discutable. David Mills se mit donc au travail pour créer ce qui allait devenir le Network Time Protocol (couramment désigné par son acronyme NTP), un protocole encore utilisé aujourd’hui qui offre une précision de la mesure du temps inférieure à la seconde et une infrastructure utilisable dans le monde entier. De quoi remplacer avantageusement le Time Protocol  de l’époque, bien moins précis.

La première version du NTP sera finalisée en 1985. Le protocole s’appuie alors (et encore aujourd’hui) sur le Temps universel coordonné (plus connu sous l’acronyme UTC), une échelle de temps comprise entre le temps atomique international et le temps universel (basé sur la rotation de la Terre). Quelques années après, en 1988, le protocole était suffisamment avancé pour parvenir à synchroniser les ordinateurs d’un réseau à la milliseconde près.

« Une sorte de magie noire »

Rapidement adopté par des industries telles que celle du contrôle aérien, des échanges commerciaux ou même par les logiciels de visioconférence, ce protocole a été remanié de nombreuses fois — avec la version la plus récente datant de 2010 — mais est resté sur le papier similaire à l’idée de base de David Mills en 1985.

Atteint d’un glaucome qui le rendit largement aveugle durant la dernière décennie de sa vie, David Mills abandonna alors le développement du NTP, qui lui a donc survécu. Il a aussi participé au développement du protocole FTP (connu par les éditeurs de site web entre autres) et a servi d’inspiration pour le « ping », cette commande permettant de tester l’accessibilité au réseau. À propos du NTP, Vint Cerf, inventeur du protocole TCP/IP, dira « J’ai toujours pensé qu’il y avait là-dedans une sorte de magie noire ».

Source : Ars Technica