Forcé d’ouvrir son App Store à la concurrence, Apple souhaiterait malgré tout conserver sa juteuse commission, même sur les applications venant de sources tierces.
Voilà qui devrait fortement déplaire à la Commission européenne. Apple, qui va bientôt « scinder » son App Store en deux pour obéir aux nouvelles réglementations européennes, a une tactique pour lâcher le minimum de lest sur son écosystème logiciel. D’après le Wall Street Journal, la firme voudrait prélever des commissions sur toutes les transactions effectuées sur iPhone et iPad, même si un logiciel a été installé depuis une autre source que l’App Store.
De quoi exaspérer les équipes de développement….
Vent debout contre le DMA qui bouscule la domination sans pareille de l’App Store, l’entreprise va donc tenter de garder sa précieuse source de revenus (qui constitue une bonne partie des 22,3 milliards de dollars de recettes générés par son activité de « services » sur le troisième trimestre 2023), quitte à se fâcher avec Bruxelles et la plupart des développeurs d’applications.
Déjà contrainte d’ouvrir son magasin d’applications aux méthodes de paiement tierces, le fabricant d’iPhone a décidé, malgré tout, de prendre une commission de 27 % sur ces transactions, même si elles ne passent pas par la méthode de paiement de l’App Store. De quoi exaspérer de nombreuses équipes de développement, dont celles d’Epic Games qui se sont battues pendant des années pour desserrer l’emprise qu’Apple exerce sur son écosystème mobile.
…. et l'Union européenne
Sans doute qu’Apple rêverait d’appliquer le même taux aux applications carrément installées hors de l’App Store. Cependant, comme le précise la législation européenne, l’accès à des magasins d’applications différents de l’App Store devra se faire selon « des conditions d’accès équitables, raisonnables et non discriminatoires ». Pas sûr que Bruxelles considère que la main de fer employé par Apple sur le sujet remplit ces conditions.
Prélever une commission sur des transactions justes parce qu’elles ont l’outrecuidance d’être effectuées sur un système d’exploitation contrôlée par Apple serait équivalent à Microsoft demandant 27 % du montant de tous les achats que vous faites depuis vos logiciels Windows.
La tactique envisagée par Apple n’a encore rien d’officiel. Sans doute que la firme est simplement en train de tester les limites du DMA avant de redevenir sage. Rappelons que le texte prévoit des amendes de 10 à 20 % du chiffre d’affaire mondiale en cas de non-respect des accords. De quoi renflouer généreusement les caisses de l’UE si Apple joue au plus bête.
Source : Wall Street Journal