La Fédérations française des télécoms a annoncé le déploiement d'un dispositif empêchant l'usurpation des numéros de téléphone à 10 chiffres. Ce type d'abus était notamment largement utilisé pour se faire passer pour des institutions bancaires.
C'est la loi Naegelen, adoptée en 2020, qui impose des conditions de sécurité et de contrôle bien plus strictes aux opérateurs de téléphonie. Mais si cette législation va avoir quatre ans, son application s'est fait attendre, notamment en raison des difficultés techniques que de telles garanties font peser. Mais le dispositif, désormais au point, devrait entrer pleinement en fonction à partir de l'automne prochain.
Un dispositif qui existe déjà aux États-Unis
Romain Bonenfant, le directeur général de la Fédération française des télécoms, est revenu pour Le Parisien en détail sur le dispositif qui devrait réduire les arnaques par téléphone. Il explique ainsi que ce dernier reposera surtout les opérateurs de téléphonie : ces derniers, qui ont pour l'instant surtout l'obligation d'acheminer les appels, vont recevoir de nouvelles missions. Ils devront désormais également vérifier, à la fois du côté de la personne qui appelle et de celle qui est appelée, que le numéro de téléphone correspond bien à celui enregistré auprès de l'ARCEP, l'autorité du secteur.
Si le principe est a priori simple, son application est, selon Romain Bonenfant, très longue et laborieuse, et sa difficulté principale repose sur la nécessité de déployer ce système chez les plus de 200 opérateurs qui opèrent en France. Pour l'instant, un seul pays au monde a déjà une régulation et un dispositif similaire, les États-Unis, même s'ils ne l'imposent qu'aux opérateurs les plus importants. La version française s'inspire donc de la version outre-Atlantique, mais en plus ambitieuse et plus complète encore.
Réduire le « spoofing », pas les autres arnaques
La mise en place de ce dispositif devait donc réduire et même faire quasiment disparaître les arnaques téléphoniques reposant sur l'usurpation de numéro de téléphone, également appelées spoofing. Si celles-ci représentent une partie non négligeable du secteur, et touchent tout particulièrement les arnaques bancaires, cela ne règlera pas tous les problèmes pour autant et les escrocs ont plus d'un tour dans leur sac.
Car toutes les arnaques ne passent pas par une usurpation de numéro, d'une part, et il devrait par ailleurs être possible de contourner cette protection. Comme l'explique monsieur Bonenfant, « il y a des cas de fraude où il n'y a pas présentation du numéro de la banque. Il peut aussi y avoir des piratages des systèmes informatiques des établissements ».
Pour lui, les banques aussi ont leur part du travail à effectuer pour lutter contre les fraudes, tout comme les usagers.
Source : Le Parisien