Le projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique fait apparaître dans la plus haute des positions un filtre de cybersécurité anti-arnaque, pour protéger les consommateurs contre la fraude par SMS et par e-mail.
Pour renforcer la sécurité de l'espace numérique, le gouvernement a pu entamer les discussions, mercredi 10 mai en Conseil des ministres, sur un projet de loi globalement destiné à protéger les Français lors de leur navigation en ligne. Parmi les douze grandes mesures associées au texte, on retrouve la création d'un filtre anti-arnaque, que nous vous avions présentée à la fin du mois de février. L'idée générale ? Alerter les consommateurs lorsqu'ils reçoivent un SMS ou un e-mail frauduleux.
Un filtre anti-arnaque impératif, face à la multiplication et la professionnalisation de la menace
Une poignée de motifs suffit déjà à justifier l'intérêt d'un tel mécanisme. L'usurpation d'identité, l'utilisation de données à caractère personnel à des fins malveillantes, la collecte de données à l'aide de moyens illicites, la pénétration illégale dans un système de paiement et autres, sont autant de menaces contre lesquelles le texte entend lutter.
Et pour cause : 50 % des Français ont déjà été victimes d'une tentative d'accès frauduleuse à leurs données. Le nombre de personnes piégées est tel que les demandes d'assistance sur le site gouvernemental cybermalveillance.gouv.fr ont bondi de 166 % en deux ans, sans compter les 60 000 plaintes aux arnaques en ligne qui ont été déposées sur la plateforme Thésée, entre les mois de mars et d'octobre 2022.
Généralement, les escrocs procèdent de la façon suivante : vous recevez un faux SMS de l'Assurance maladie (ou autre organisme bien connu du grand public), ou un e-mail, qui vous invite à cliquer sur un lien, afin de vous pousser à y déposer vos coordonnées bancaires. Alors comment le gouvernement entend-il lutter contre ce fléau ?
Vous serez alerté(e) lorsque vous cliquerez sur un lien potentiellement frauduleux
Le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, l'avait esquissé en février, mais le filtre doit prendre la forme d'un message d'alerte affiché par les navigateurs (Chrome, Mozilla, Safari, Edge, Opera, etc.) ou les fournisseurs d'accès à Internet (Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free).
Plus précisément : au moment de cliquer sur le lien dont nous parlions, que vous retrouvez dans le SMS ou le courrier électronique, vous recevrez un message vous indiquant que le site vers lequel vous êtes redirigé(e) est compromis, c'est-à-dire frauduleux ou potentiellement frauduleux.
Pour faciliter le travail de toutes les parties, une base de données rassemblant tous les sites malveillants identifiés par les victimes puis signalés aux autorités administratives sera créée. Les sites visés disposeront d'un délai de 5 jours pour contester leur statut de site malveillant.