Le gendarme des données personnelles a rendu son jugement. Les tactiques électorales numériques d’Eric Zemmour lors de la présidentielle de 2022 étaient belles et bien illégales.
Nouveau revers pour Reconquête !, le parti qui était censé porter Eric Zemmour à la présidence en 2022. Une délibération de la CNIL a jugé que le mouvement politique avait collecté illégalement les informations personnelles d’internautes afin de faire de la réclame pour le candidat d’alors. À travers une galaxie de « de sites Web administrés par l’association », le mouvement avait tenté de se construire une base militante dématérialisée, sans l’accord des premiers concernés, comme le révèle le journal Le Monde.
Un défaut d'information condamnable
L’idée était simple. En montant des dizaines de sites Web surfant sur une actualité anxiogène, Reconquête ! encourageait les internautes à s’inscrire à des pétitions pour recevoir des informations sur divers sujets. Comme le dévoile Le Monde, un de ces sites proposait par exemple de rejoindre une plainte visant un humoriste ayant fait une blague politique potache. Via ces sites d’apparence indépendante, le mouvement d’Eric Zemmour collectait des adresses mail pour les inonder de propagande politique en faveur du candidat d’extrême droite.
Plus exactement, ce n’est pas l’envoi de mail en lui-même qui a été sanctionné par la CNIL, mais plutôt « une absence de mentions d’information relatives à la protection des données et une absence de renvoi à une politique de confidentialité » sur lesdits sites, indique la note que le Monde a pu consulter. Pour ce défaut de communication, le candidat et son parti auront donc à payer 20 000 euros d’amende.
Pas une première pour Eric Zemmour
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Reconquête ! se fait remonter les bretelles par la CNIL. À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, de nombreuses personnes avaient reçu des messages vocaux ou des SMS d'Eric Zemmour, détaillant son programme « pour la sécurité, contre l’immigration » alors qu’elles n’avaient rien demandé à personne. Le démarchage téléphonique ne respectant pas les règles statuant que « chaque citoyen dispose [...] du droit de s’opposer à la prospection politique au moyen d’automates d’appel, sans condition », la CNIL avait rappelé le candidat à l’ordre.
D’autres candidats, comme Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron en 2017, avait également déployé des campagnes téléphoniques massives, mais en respectant les règles édictées par la CNIL puisque précédé d’un message d’alerte et suivi d’un numéro à joindre pour s’opposer à tout démarchage supplémentaire.
Source : Le Monde