Ministre de l'Éducation nationale durant le mandat de François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem a une idée, et elle est audacieuse : limiter l'utilisation mensuelle de data à 3 Go par semaine.
Si Najat Vallaud-Belkacem voulait lancer une polémique, elle n'aurait pas pu mieux s'y prendre. L'ancienne ministre socialiste (Éducation nationale, Droits des femmes et Sports), désormais présidente de France Terre d'Asile et directrice de l'ONG One, signe une tribune publiée dans Le Figaro ce lundi 18 mars 2024, dans laquelle elle appelle à « rationner Internet ».
L'étonnante proposition de limitation à 3 Go par semaine et par personne
Parce qu'entre autres, « tous les grands sujets », comme le harcèlement, les inégalités, la discrimination ou l'écologie, « sont liés à Internet », et qu'elle le voit comme un facteur aggravant de nombreux problèmes, Najat Vallaud-Belkacem se pose une question : « avons-nous besoin de tant d'Internet que ça ? »
L'ancienne ministre estime qu'il est impossible de faire entendre raison aux plateformes et à toutes celles et ceux qui disposent du pouvoir d'imposer les bonnes limites. « Il faut que la contrainte vienne d'ailleurs : donc de la loi, donc de l'État », ajoute-t-elle.
Celle qui est aussi conseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes croit donc en un rationnement d'Internet, « par exemple en accordant un nombre limité de gigas à utiliser quotidiennement ». L'élue suggère l'éventualité d'une limite à 3 Go par semaine et par Français, en justifiant son idée par le fait qu'en étant restreints, les internautes les plus rugueux passeront moins de temps et d'heures « à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes », ou sur des sites pornographiques « à regarder des vidéos en ultra HD ».
Les Français consomment déjà trop de data pour envisager un retour en arrière
Najat Vallaud-Belkacem pousse son idée assez loin, en évoquant même le côté plus ou moins réaliste de la mesure, en s'interrogeant notamment sur l'applicabilité aux entreprises, s'il y aurait des exceptions, etc. Il n'empêche que si la course dingue à la production de données pose question et qu'elle n'est pas sans conséquence(s) sur l'écologie, l'ARCEP, le régulateur des télécoms, a déjà fait un constat criant.
Les Français (et le reste du monde) consomment de plus en plus de données. L'an dernier, la consommation par client actif en 4G s'élevait à 15,9 Go/mois dans l'Hexagone, soit 1,3 Go de plus par rapport à l'année précédente, selon les chiffres que nous avons pu récolter auprès de l'ARCEP. Avec la profusion – et l'amélioration constante – des technologies, il paraît difficile de forcer les Français à consommer moins de 12 ou 13 Go chaque mois. Sans parler de la levée de boucliers chez les opérateurs télécoms, dont une partie du business model est basée sur cette surenchère à la data.
Au début de sa missive, Najat Vallaud-Belkacem explique « ne pas être la dernière à utiliser les réseaux sociaux », à passer des heures sur son téléphone en fin de soirée. Une manière habile, subtile peut-être de montrer aux lecteurs qu'en plaidant coupable, on dévoile ses failles et on finit par attirer la sympathie du public. Sauf que sur le papier, l'idée n'en reste pas moins mauvaise.
10 juillet 2024 à 14h39