Vue d'artiste de la sonde lunaire Queqiao-2 près de la Lune © CNSA
Vue d'artiste de la sonde lunaire Queqiao-2 près de la Lune © CNSA

À 01 h 31 ce 20 mars, un lanceur chinois CZ-8 a allumé ses quatre moteurs sur le site de lancement de Wenchang. Le décollage, particulièrement attendu, de Queqiao-2 s'est bien passé. La sonde relais est en route pour la Lune, et elle supportera avec son orbite spécifique les missions à venir pour le reste de la décennie.

Voilà plusieurs mois que le centre spatial de Wenchang, situé sur l'île de Hainan, au sud de la Chine, se préparait à ce décollage important. Ce n'était que le troisième décollage de la CZ-8 (ou Longue Marche 8), l'une des dernières fusées de nouvelle génération du pays qui ne vole que depuis 2020. Aussi, les équipes étaient quelque peu sous pression.

En effet, envoyer la sonde relais Queqiao-2 n'est pas un simple lancement de satellite. C'est un élément clé de toute la stratégie lunaire chinoise à moyen terme. Et si ce tir avait été raté, la mission chinoise la plus aboutie à venir, Chang'e 6 (qui rapportera des échantillons de la face cachée), aurait été repoussée. En réalité, tout s'est bien passé, et l'orbite initiale très elliptique, qui amène Queqiao-2 à 420 000 kilomètres de la Terre, a été atteinte. La sonde a déjà déplié sa grande antenne de 4,2 mètres de diamètre.

L'impressionnante fusée CZ-8 sort de son bâtiment d'intégration à Wenchang © CNSA
L'impressionnante fusée CZ-8 sort de son bâtiment d'intégration à Wenchang © CNSA

Et c'était qui ? Et c'était qui ? Queqiao-2

Queqiao-2 est un satellite relais. Il va entrer en orbite lunaire, avec une trajectoire très inclinée et surtout elliptique. De cette façon, il sera en ligne de vue pratiquement constante avec tout l'hémisphère Sud lunaire (en particulier du côté de la face cachée), mais aussi avec la Terre. Sa mission est « simple » : transmettre les signaux de la Terre vers les missions lunaires chinoises à la surface, et inversement.

En 2018, le pays avait déjà envoyé un premier Queqiao (qui utilisait une autre trajectoire), et ce dernier avait permis de transférer les données cruciales de la mission Chang'e 4 et de son petit rover Yutu-2. Il s'agit donc, pour ce pays qui est le seul avec ces capacités, d'une deuxième génération, bien plus puissante et capable que la précédente. En témoigne une certaine prise de poids. Queqiao-1 pesait environ 450 kilos, son successeur environ 1,2 tonne !

Il prend un peu plus de place, mais c'est surtout l'équipement intérieur et le blindage électronique ainsi que la réserve de carburant qui ont évolué, tandis que l'appareil embarque 3 instruments scientifiques (une caméra UV, un détecteur de neutrons et un instrument d'interférométrie à très longue base VLBI).

La sonde spatiale Queqiao-2 et son antenne repliée lors de la préparation avant le décollage © CNSA

Queqiao, avant la suite...

La Chine espère utiliser Queqiao-2 jusqu'à la fin de la décennie et faire évoluer le rôle de satellite relais pour le confier (avec une meilleure couverture) à une petite constellation de satellites lunaires d'ici là. Ces satellites n'assureront pas seulement les communications, ils s'occuperont également du positionnement relatif, de la référence temporelle et de l'aide à la navigation. Pour tester ces fonctions, deux petits satellites ont décollé avec Queqiao-2, les Tiandu 1 et 2, qui voleront en formation et testeront une partie de ces fonctions.

Ils ne pourront d'ailleurs peut-être pas tout tester. Le 14 mars, un décollage chinois depuis le site de Xichang a échoué, laissant les deux petits satellites DRO-A et DRO-B sur une orbite bien plus petite que prévu. À l'origine, ils devaient s'envoler vers la Lune et y tester le vol en formation ou la navigation relative sur une trajectoire particulière. Ces fonctions ne sont pas sans rappeler celles des deux satellites Tiandu.

Quoi qu'il en soit, la Chine dispose désormais d'un nouvel atout en place pour ses futures ambitions lunaires. Et, ne l'oublions pas, après Chang'e 6, 7 et 8, le pays prévoit bel et bien des aventures habitées sur la surface.

Source : SpaceNews