Le départ de 3 astronautes chinois avec Shenzhou 16 pour leur station orbitale marque une période chargée pour la Chine. Mais plutôt que d'évoquer le futur de la SSC, les responsables du programme habité ont beaucoup parlé… de la Lune. Ils comptent sur une mission pour y poser le pied avant 2030.
En attendant, il reste beaucoup à mettre en place.
Shenzhou 16, la routine ?
Le décollage de Jing Haipeng, Zhu Yangzhu et Gui Haichao est passé relativement inaperçu dans notre paysage médiatique. La fusée CZ-2F, qui transportait leur capsule Shenzhou 16 vers l'orbite, s'est arrachée du sol ce mardi 30 mai à 3 h 31 du matin (heure de Paris). Elle s'est ensuite approchée de la Station spatiale chinoise (la SSC) pour s'y amarrer en fin de matinée, après un vol entièrement automatisé.
Il s'agit de la cinquième rotation en deux ans au sein de l'imposante station composée de trois grands modules (deux laboratoires et le module central Tianhe), et la première pour laquelle un membre de l'équipage est issu directement de la société civile. En effet, Gui Haichao n'est pas militaire, une nouveauté pour le programme chinois !
Jusqu'au 3 juin, l'équipage de Shenzhou 16 et celui de Shenzhou 15 vont cohabiter pour assurer une transition efficace et bien démarrer les 6 mois d'expériences, d'installations et de sorties spatiales qu'ils ont devant eux. La SSC est encore jeune, et même si la Chine montre une impressionnante réussite technique dans sa mise en place, vivre dans l'espace sur le long terme est un apprentissage permanent (la logistique ainsi que la gestion des stocks et de la maintenance, par exemple, ne sont pas de simples tâches) !
Les astronautes en orbite, les savants montrent la Lune
Si 15 astronautes chinois (ou taïkonautes) ont déjà passé du temps au sein de leur station nationale, ces missions vont se poursuivre dans la décennie à venir. Mais la Chine ne s'en cache pas, elle voit plus loin, et ce plus loin, c'est la Lune.
Après une suite de démonstrations technologiques réussies avec les missions Chang'E (qui vont se poursuivre dès l'an prochain avec Chang'E 6), le pays veut y envoyer ses astronautes. Les responsables ne font pas de mystères depuis la dernière décennie, mais cette fois, cette volonté prend doucement corps. L'objectif n'est toujours pas à 100 % dans les directives gouvernementales (qui s'établissent tous les 5 ans), mais les moyens pour y arriver sont en plein développement. C'est notamment le cas du lanceur. L'actuelle CZ-5 n'étant pas suffisante, c'est donc un lanceur géant CZ-10 qui est attendu, avec une architecture à trois boosters l'un à côté de l'autre pour propulser une grande capsule jusqu'à l'orbite lunaire.
Le futur souhaité de l'exploration habitée chinoise
Le premier décollage de CZ-10 est attendu pour 2027, en sachant que la Chine compte mettre en œuvre en parallèle le développement d'un atterrisseur « façon Apollo » qui est déjà à un stade de design avancé. Le lanceur CZ-9, auparavant sur toutes les vues d'artiste de ce type de mission, est repoussé à plus tard, dans une version réutilisable qui n'est pas sans évoquer le Starship américain.
Dans tous les cas, les prochaines aventures lunaires habitées ne tarderont pas. Lin Xiqiang, responsable de la branche habitée des vols chinois, indique que les premiers pas chinois sur notre satellite sont prévus avant 2030. Rappelons que cela s'inscrit aussi dans un plan de long terme. La Chine prévoit en effet l'installation d'une base (lLRS, pour International Lunar Research Station) sur la surface lunaire, avec d'abord des moyens robotiques, puis l'apport des astronautes. Un contrepoids de plus en plus visible au programme américain Artemis. Course ? Qui a dit course ?
Source : SpaceNews