Entre Amazon et la CNIL, le torchon brûle. © Shutterstock
Entre Amazon et la CNIL, le torchon brûle. © Shutterstock

Amazon a décidé de faire appel de sa condamnation par la CNIL à payer une amende de 32 millions d'euros pour son système de surveillance des salariés, que l'institution considère comme trop intrusif.

Action, réaction. Après que la CNIL a infligé une amende salée à Amazon en janvier 2024 pour surveillance abusive de ses employés, le géant de la vente en ligne avait exprimé son « profond désaccord avec les conclusions de la CNIL qui sont factuellement incorrectes » et s'était réservé « le droit de faire appel ». C'est chose faite, ce vendredi 22 mars 2024. Pour l'heure, du côté du gendarme de la sécurité, c'est silence radio.

32 millions d'euros, pour Amazon, c'est une goutte d'eau dans l'océan, soit à peu près 3 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Mais pour la CNIL, il s'agit d'un niveau « quasiment sans précédent ». Dans un communiqué remis à l'Agence France Presse, Amazon annonce avoir saisi le Conseil d'État. Après une année 2023 intense pour la CNIL, qui a infligé 90 millions d'euros d'amendes à 42 organisations, 2024 s'annonce sévère.

Mais que reproche la CNIL à Amazon France Logistique, exactement ?

La CNIL critique notamment Amazon pour sa collecte massive de données de productivité à travers les scanners utilisés par les employés dans ses entrepôts. Deux indicateurs sont transmis aux managers à cet effet.

Le premier indicateur, appelé le « stow machine gun », enregistre les scans effectués trop rapidement, en moins de 1,25 seconde. Le second, l'« idle time », détecte toute période d'inactivité de plus de 10 minutes.

Amazon défend l'utilisation de ces systèmes de gestion d'entrepôt, les qualifiant de pratiques courantes dans le secteur. Selon l'entreprise, ces outils sont essentiels pour assurer la sécurité, la qualité et l'efficacité des opérations, ainsi que pour garantir le suivi des stocks et le traitement des colis dans les délais et conformément aux attentes des clients.

© Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock
© Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock

Une surveillance des salariés nécessaire pour Amazon, mais excessive pour la CNIL

Cette affaire fait suite à l'ouverture en 2019 par la CNIL d'une procédure après les nombreuses alertes de salariés d'Amazon France Logistique, qui s'étaient confiés à la presse à propos de leurs conditions de travail. La Commission avait conclu à « un système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif », allant à l'encontre du RGPD.

L'utilisation de ces outils est remise en cause par la CNIL, qui estime que ce système met potentiellement les salariés dans une position où ils doivent justifier chaque interruption, même de quelques minutes, de leur activité de scan, ce qui leur impose une pression constante.

Toutefois, Amazon affirme que le premier indicateur, qu'il compte désactiver, vise à s'assurer que chaque employé prend le temps nécessaire pour inspecter correctement chaque article, et qu'il ne prend pas de postures susceptibles de compromettre sa sécurité et sa santé. Quant au second indicateur, dont le seuil de déclenchement sera relevé à 30 minutes, il sert à identifier une défaillance continue et anormale.

Sources : Franceinfo, CNIL, AFP