Le récent abonnement payant à Facebook et Instagram ne respecte pas le RGPD, a tranché le gendarme européen pour la protection des données. Un coup dur pour Facebook qui doit revoir sa manière d’opérer dans l’UE.
C’était un avis très attendu qu’a publié le Comité européen pour la protection des données (CEPD). Après avoir été saisi par plusieurs CNIL européennes et trainés en justice par des associations de défense des consommateurs, l’abonnement payant pour accéder à Facebook et Instagram sans publicités a été jugé incompatible avec les règles européennes de protection des données personnelles, RGPD en tête.
Ni abonnement ni exploitation des données
Soucieux de se plier aux règles européennes, Meta avait commencé en 2023 à proposer un abonnement à 9,99 € par mois pour Facebook et Instagram afin d’offrir une alternative aux financements via la collecte de données personnelles. Malheureusement pour l’entreprise, ce mécanisme surnommé « Payer ou accepter » a aussi été jugé incompatible avec les règles de l’UE.
Dans son avis, la CEPD explique que le « droit fondamental à la protection des données » ne peut pas se résumer à « un choix binaire » obligeant les utilisateurs et utilisatrices qui souhaitent préserver leur vie privée à payer. « Lors de l’élaboration d’une alternative à un service basé sur l’exploitation de données personnelles, les contrôleurs d’accès doivent offrir une solution équivalente n’exigeant pas le paiement d’un abonnement », précise la CEPD.
20 mars 2024 à 18h47
Concrètement, cela signifie que Meta va devoir changer de nouveau son fusil d’épaule et proposer un accès à Facebook qui ne se repose ni sur l’exploitation de données personnelles ni sur le paiement d’un abonnement. Un coup de tonnerre pour l’entreprise qui va donc devoir trouver une troisième voie pour monétiser sa plateforme, quelques mois à peine après avoir promis que son abonnement payant était bel et bien « conforme à l’évolution de la réglementation européenne ».
Un avertissement pour tout le web
Comme seul indice pour naviguer sur cette ligne de crête, la CEPD explique que Facebook va devoir se reposer sur une forme de publicité n’exploitant « peu (ou pas) de données personnelles ». En somme, Facebook et Instagram devront fournir un service sans publicités ciblées, avec de la réclame beaucoup plus généraliste donc. De quoi sacrément bousculer le modèle économique de la firme qui s’est toujours reposé sur l’exploitation des données personnelles pour faire grossir son chiffre d’affaires.
Au-delà du coup de tonnerre que cela représente pour Meta, l’avis de la CEPD est aussi un avertissement pour toutes les autres plateformes exploitant la vie privée des internautes pour s’enrichir. À moins de vouloir partir en guerre contre l’UE, toutes devront bientôt proposer un modèle plus respectueux des données personnelles, Google, Amazon et Microsoft en tête. De quoi faire trembler les géants du web.
27 mars 2024 à 20h50