L'abonnement de Meta ne convainc pas tout le monde en Europe © DELBO ANDREA / Shutterstock
L'abonnement de Meta ne convainc pas tout le monde en Europe © DELBO ANDREA / Shutterstock

Le géant des réseaux sociaux propose de réduire le prix de son abonnement de 9,99 euros minimum à 5,99 euros. Une réponse qui ne fait pas l'unanimité.

Surfer sur le web n'est jamais vraiment gratuit, et la contrepartie la plus courante est d'accepter que ses données soient collectées à des fins, le plus souvent, publicitaires. En Europe, certains sites vous offrent la possibilité de ne pas le faire, moyennant une redevance de quelques euros par mois, à l'image de Meta depuis novembre 2023.

Mais voilà, Facebook et Instagram ne sont pas n'importe quelles plateformes, et les choses ne se déroulent pas aussi simplement que le géant américain aurait pu l'espérer.

Un prix minimum pour un service de qualité

Les Européens auront décidément mauvaise réputation auprès des grandes entreprises de la tech. Pour preuve, Meta cherche encore les bons arguments pour convaincre l'UE, malgré le recours à une véritable armée pour tenter de se conformer à la loi sur les marchés numériques (DMA).

Actuellement, c'est le fait de permettre aux utilisateurs de payer 9,99 euros par mois pour être exempts de publicité sur ses réseaux sociaux (et pour tenter de se conformer à la nouvelle réglementation en vigueur en Europe) qui retient l'attention. En effet, plusieurs associations de consommateurs, dont l'UFC Que Choisir, dénoncent « plusieurs pratiques commerciales trompeuses » et une offre qui devrait tout bonnement « disparaître ».

En réponse aux inquiétudes, Meta est revenu sur son tarif cette semaine, en proposant de l'abaisser à 5,99 euros. « C'est de loin le prix le plus bas qu'une personne raisonnable devrait payer pour des services de cette qualité », a déclaré Tim Lamb, l'avocat de Meta, lors d'une audition devant la Commission européenne qui a duré toute une journée.

« Cela n'a rien à voir avec l'argent »

Bien entendu, ce n'est pas la réaction que les défenseurs de la vie privée attendaient. Maximilian Schrems, un activiste autrichien qui a l'habitude de s'en prendre aux géants de la tech, explique que le problème n'est pas tant le prix du forfait.

« Toutes les études montrent que même un abonnement de 1,99 euro ou moins entraîne un changement dans le consentement, qui passe de 3 à 10 % de personnes souhaitant réellement recevoir de la publicité à 99,9 % de personnes continuant à cliquer sur "oui" », explique-t-il. « Le RGPD exige que le consentement soit donné "librement". »

« En réalité, cela n'a rien à voir avec l'argent, le problème réside dans l'approche "payer ou accepter" », ajoute Schrems. « Nous ne pensons pas que le simple changement de prix rendra cette approche légale ». Un avis partagé par 39 eurodéputés qui demandent au géant américain « d’abandonner le modèle "payez ou acceptez" et de s’aligner sur les principes du RGPD, en respectant les droits fondamentaux des citoyens de l’UE ».

Reste à voir si la Commission européenne répondra favorablement à l'offre de Meta, qui dénonce les « exigences contradictoires des lois européennes », relève Reuters. Le verdict des régulateurs européens est prévu pour les prochains jours.

Sources : Reuters, Le Monde