Depuis le 7 août 2024, Doctolib demande l'autorisation à ses utilisateurs d'exploiter leurs données personnelles pour alimenter ses modèles d'intelligence artificielle. L'entreprise française vise à améliorer ses services, notamment un assistant numérique pour les médecins et un outil de prise de rendez-vous vocal. Les utilisateurs ont la possibilité de refuser ce traitement de leurs informations.
Eh oui, ça y est. Doctolib s'y met aussi. La plateforme de prise de rendez-vous médicaux, devenue incontournable en France, lorgne vos données pour muscler son intelligence artificielle. Une pratique qui semble inévitable à l'heure où l'IA se glisse partout.
Là où de nombreuses organisations se sont déjà fait tirer les oreilles sur l'exploitation des données de ses utilisateurs ou la notion de consentement, la start-up française entend bien ne pas se faire épingler, en demandant en bonne et due forme l'autorisation aux patients inscrits d'utiliser leurs données médicales dans le but d'améliorer ses services.
Pourquoi Doctolib veut mettre la main sur vos données médicales
Doctolib fait feu de tout bois avec les données médicales des patients inscrits sur sa plateforme. L'entreprise française compte bien les utiliser en long, en large et en travers : durées de téléconsultation, historique des rendez-vous, profil médical, notes de santé et même enregistrements vocaux. Tout y passe. Mais dans quel but ?
Deux projets d'envergure sont sur le feu. D'abord, un assistant numérique prévu pour octobre 2024. Cet outil, actuellement testé par 360 médecins, promet de remplir automatiquement le dossier du patient en écoutant les conversations lors des consultations. Pratique pour les praticiens, mais pas sans soulever quelques questions éthiques.
Ensuite, Doctolib planche sur une IA conversationnelle pour 2025. L'objectif ? Permettre aux patients de prendre rendez-vous par téléphone, comme au bon vieux temps, mais avec un robot au bout du fil. Une solution qui pourrait séduire les réfractaires au tout numérique.
Ces projets nécessitent des données, beaucoup de données. Doctolib assure que ces informations seront anonymisées et conservées jusqu'à trois ans. L'entreprise n'a de cesse de répéter que la protection des données personnelles est sa « priorité absolue ».
Comment dire non à Doctolib ?
Autant Doctolib utilise les données personnelles au maximum, autant il vous rend la monnaie en vous donnant le choix. La plateforme ne peut pas utiliser vos données sans votre consentement explicite. Lors de votre prochaine connexion, vous verrez apparaître une notification vous informant de ce changement de politique. Vous pouvez refuser d'un simple clic.
Si vous avez accepté par mégarde ou si vous changez d'avis, pas de panique. Rendez-vous dans les paramètres de votre compte, section « mes préférences », puis « amélioration des services ». Cochez « je désactive l'amélioration des services », et vos données resteront à l'abri des algorithmes voraces de Doctolib.
Mais que se passerait-il si Doctolib décidait de passer outre votre consentement ? L'entreprise s'exposerait à de sérieuses sanctions. En manipulant des données de santé particulièrement sensibles, elle serait dans le collimateur des autorités.
Au sujet du consentement, le RGPD est clair : il représente « l'accord de la personne concernée à ce que ses données soient collectées et utilisées. Il doit être libre, spécifique, éclairé et univoque », indique la CNIL sur son site.
Tout contrevenant risque une amende pouvant aller jusqu'à 4 % de son chiffre d'affaires mondial. Pour une entreprise comme Doctolib, qui revendique plus de 300 millions d'euros de ventes annuelles, la note pourrait être très lourde. Sans parler de l'impact désastreux sur sa réputation.
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Source : Le Figaro