Tim Berners-Lee recevant la liberté de la cité de Londres en 2014. © Paul Clarke
Tim Berners-Lee recevant la liberté de la cité de Londres en 2014. © Paul Clarke

Après 15 ans d'efforts pour rendre le Web plus sûr et accessible, la World Wide Web Foundation tire sa révérence. Son célèbre co-fondateur Tim Berners-Lee souhaite désormais se consacrer pleinement au développement de technologies décentralisées comme le protocole Solid.

C'est une page qui se tourne pour la World Wide Web Foundation (WWW Foundation), l'organisation co-fondée en 2009 par Tim Berners-Lee, l'inventeur du World Wide Web, et Rosemary Leith. Dans une lettre publiée sur le site de la fondation, le couple explique que la mission initiale de l'organisation est en grande partie accomplie, mais que de nouveaux défis nécessitent maintenant toute leur attention.

Une fondation qui a atteint ses objectifs

Lorsque la WWW Foundation a été créé, seul un internaute sur cinq avait accès au Web dans le monde. Aujourd'hui, près de 70 % de la population mondiale est connectée. Berners-Lee et Leith remercient leurs soutiens qui ont permis de faire bouger les lignes en matière d'accessibilité et d'abordabilité du Web.

Cependant, le modèle économique centré sur les données de l'ère du Web 2.0 a apporté son lot de défis. « Les menaces qui pèsent sur le Web ont également augmenté, le modèle commercial dominant des réseaux sociaux a entraîné la marchandisation des données des utilisateurs et une concentration du pouvoir contraire à la vision originale de Tim », souligne la lettre. Pour s'attaquer à ce problème, Tim Berners-Lee prévoit de mettre fin à la fondation et de consacrer son temps et ses ressources au développement de technologies décentralisées comme le protocole Solid.

Tim Berners-Lee ambitionne avec Solid de structurer l'Internet via des magasins de données décentralisés appelés Pods  © Shutterstock
Tim Berners-Lee ambitionne avec Solid de structurer l'Internet via des magasins de données décentralisés appelés Pods © Shutterstock

Le protocole Solid, clé du Web de demain ?

Ce protocole, sur lequel Tim Berners-Lee travaille depuis 2015, s'inscrit dans la droite ligne d'une lettre ouverte rédigée par l'inventeur du Web en 2023. Il y soulignait l'urgence de restaurer l'Internet décentralisé et contrôlé par les utilisateurs qu'il avait imaginé à l'origine. Le fondateur du Web a dénoncé à plusieurs reprises la manière dont l'Internet est « dominé par l'intérêt personnel de plusieurs entreprises ». Avec Solid, parfois appelé Web 3.0, il ambitionne de structurer l'Internet via des magasins de données décentralisés appelés Pods (Personal Online Data stores).

« Nous pouvons redonner de la valeur à ce qui a été perdu et redonner aux individus le contrôle de leurs données personnelles », plaide Tim Berners-Lee. Un combat crucial à l'heure où le marché des données personnelles « exploite le temps et les données des gens avec la création de profils détaillés permettant le ciblage publicitaire et, en fin de compte, le contrôle des informations fournies aux gens ».

La WWW Foundation, qui a enregistré des revenus de 4,08 millions de dollars et des dépenses de 4,97 millions de dollars pour son exercice 20221, estime que d'autres groupes de défense peuvent désormais prendre le relais. « Nous rendons hommage aux partenariats incroyables que nous avons noués avec des collègues, d'autres ONG, des gouvernements, des bailleurs de fonds privés et des défenseurs de cet espace », conclut la lettre. Le flambeau est passé, mais le combat de Tim Berners-Lee pour un Web ouvert, décentralisé et au service des utilisateurs est loin d'être terminé. Rendez-vous dans le Solid !

Source : The Register