Une petite révolution, orchestrée par la Sécurité routière, se prépare pour 2025 : plusieurs centaines de radars en France seront capables de détecter non pas une, ni deux, mais trois infractions, grâce à l'intelligence artificielle.

Le radar Fusion 2 installé à proximité des plages marseillaises © Alexandre Boero / Clubic
Le radar Fusion 2 installé à proximité des plages marseillaises © Alexandre Boero / Clubic

Le temps où les radars ne flashaient que les excès de vitesse semble révolu ! La Sécurité routière va franchir un nouveau cap technologique l'an prochain. Comment ? En déployant des dispositifs capables de repérer le téléphone au volant, l'absence de ceinture et le non-respect des distances de sécurité. Cette bascule, inscrite dans les documents budgétaires du ministère de l'Économie, marque un tournant dans la surveillance automatisée du comportement des automobilistes et autres conducteurs.

L'intelligence artificielle au service des radars et de la surveillance routière

La détection de ces nouvelles infractions repose sur des technologies de pointe. Les radars existants seront équipés d'algorithmes d'intelligence artificielle couplés à des systèmes de vidéo avancés. Pour le contrôle des distances de sécurité par exemple, les dispositifs pourront suivre jusqu'à 126 véhicules simultanément sur une distance de 100 mètres et cinq voies de circulation, dans les deux sens d'ailleurs, grâce à des antennes Doppler dernière génération.

Les radars Fusion 2, déployés à 1 500 exemplaires en France, seront parmi les premiers concernés par cette évolution. Les équipements intègreront ces nouvelles fonctionnalités, une solution indéniablement plus économique que l'installation de nouveaux dispositifs. Sauf que la version export Fusion 1, déjà utilisée à l'étranger, intègre déjà ces fonctionnalités depuis longtemps.

Le système de détection du téléphone au volant et du non-port de la ceinture nécessitera, lui, une validation humaine, comme c'est déjà le cas pour les radars de covoiturage. L'intelligence artificielle apprendra progressivement à minimiser les faux positifs, avec un objectif « autour de 95% » de taux de réussite pour obtenir l'indispensable homologation.

Un déploiement progressif et stratégique

Les premières ciblées par ces nouveaux contrôles seront les zones urbaines, cela n'étonnera personne. Le radar Mesta Compact d'Idemia et le Parifex Nomad, destinés respectivement au sud et au nord de la France, seront les fers de lance de ce dispositif avec leurs 500 exemplaires prévus dans les 15 prochains mois. Un déploiement de radars urbains toujours plus discrets et performants qui pourrait s'accélérer quand les collectivités locales auront la possibilité d'acquérir elles-mêmes ces équipements.

La mise en service de ces nouvelles fonctionnalités nécessite toutefois une homologation stricte. Pour le contrôle des distances de sécurité, une procédure métrologique complète est requise. En revanche, la détection du téléphone et de la ceinture bénéficiera d'une procédure simplifiée, grâce notamment aux algorithmes d'apprentissage automatique.

Les fabricants français semblent en tout cas déjà prêts pour ce changement. Idemia propose même une version « Focus Edition » de son radar Mesta Compact. Elle permet de repérer simultanément plusieurs infractions, tandis que l'entreprise Parifex met en avant la polyvalence de son modèle Nomad, avec son lidar 3D Nano-Cam intégré.

Des questions restent en suspens

Il reste à définir précisément comment seront constituées les preuves des infractions. Pour les distances de sécurité, la question se pose de savoir si une séquence vidéo ou une série de photos sera nécessaire pour établir l'infraction de manière irréfutable.

Le budget 2025 prévoit 46,3 millions d'euros pour ces nouveaux équipements. Un investissement conséquent qui soulève des interrogations sur le calendrier exact de déploiement et sur la formation des agents qui devront valider les infractions détectées. Les radars de covoiturage Fareco-Fayat Hovy et Pryntec pourraient également rejoindre ce dispositif, leurs caméras intrusives étant déjà capables de voir l'intérieur des habitacles.

Cette modernisation s'inscrit dans une tendance plus large d'automatisation des contrôles routiers. Les constructeurs automobiles intègrent déjà des technologies préventives, comme les régulateurs adaptatifs et la lecture des panneaux, pour aider les conducteurs à respecter les règles, tout en respectant le cadre légal, qui rappelons-le interdit en théorie le signalement d'un radar routier. Le contrôle de plusieurs infractions pour un même radar est un projet qui était dans les cartons depuis 2016, quand le premier décret autorisant la verbalisation automatisée de ces infractions avait été publié. Peut-être deviendra-t-il enfin réalité, au grand dam des automobilistes qui aiment jouer avec le Code de la route.

Sources : L'Argus, Clubic