Les casinos en ligne resteront interdits en France. Le gouvernement rétropédale sur son projet de légalisation qui visait à encadrer un marché noir estimé à 1,5 milliard d'euros et à générer de nouvelles recettes fiscales.

Les casinos en ligne demeurent interdits dans l'Hexagone... pour l'instant © New Africa/Shutterstock
Les casinos en ligne demeurent interdits dans l'Hexagone... pour l'instant © New Africa/Shutterstock

La France conservera finalement son statut d'exception européenne concernant les casinos en ligne. Alors qu'un amendement au projet de Budget 2025 déposé le 19 octobre dernier prévoyait leur légalisation et une taxation à hauteur de 55,6% (comme les jeux de loterie en ligne), le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a finalement annoncé, dimanche sur Radio J, le retrait du texte. Une décision qui intervient après une forte mobilisation des acteurs du secteur et des associations de lutte contre l'addiction.

L'encadrement des casinos en ligne, un projet ambitieux face à un marché noir florissant

Au moment de déposer son amendement, le gouvernement partait d'un constat alarmant. Le marché noir des jeux d'argent en ligne représente entre 748 millions et 1,5 milliard d'euros en France. Plus inquiétant encore, 50% de cette activité illégale concerne les casinos en ligne, avec 79% des joueurs présentant des comportements à risque. Ça, c'était pour les détails.

L'amendement proposait une solution : légaliser, pour mieux encadrer. Avec une double taxation de 27,8% pour l'État et la Sécurité sociale, le projet visait à générer des recettes substantielles pour les caisses de Bercy, tout en protégeant les joueurs des sites illégaux, où la triche et le vol de données personnelles sont monnaie courante.

Depuis mars 2022, l'Autorité nationale des jeux (ANJ) a bien tenté de lutter contre ces plateformes illégales, en bloquant 2365 URLs, grâce à plus de 500 décisions administratives. Mais les opérateurs illégaux contournent facilement ces restrictions en créant des « sites miroirs », qui rendent le combat d'autant plus difficile.

La levée de boucliers a fait plier l'exécutif

La fronde s'est organisée rapidement après l'annonce du projet. Plus de cent maires ont signé une tribune alarmante, en prédisant la disparition d'un tiers des casinos physiques et la suppression de 15 000 emplois dès la première année pour les établissements survivants, qui verraient leur activité chuter de 25%.

L'association Addictions France a également pesé dans le débat, pointant les « risques considérables » d'une telle légalisation. Un argument qui a trouvé écho auprès du ministre du Budget, qui évoque désormais la nécessité d'une « large concertation » avec tous les acteurs du secteur.

Le président de Casinos de France et accessoirement directeur général du groupe Barrière, Grégory Rabuel, s'est dit « soulagé » de cette décision. Le ministre, lui, n'a toutefois pas totalement enterré le projet. Il laisse en effet la porte ouverte à une possible reprise des discussions pour l'année prochaine, à condition de trouver un équilibre entre régulation du marché noir et protection du secteur traditionnel. Alors, la France a-t-elle encore joué son rôle de Gaulois réfractaire ? Ou a-t-elle fait preuve de bon sens ? On vous laisse en juger.