C'est un petit chamboulement dans le secteur des moteurs de recherche. Qwant et Ecosia annoncent un partenariat inédit visant à réduire leur dépendance vis-à-vis des géants américains.
L'un est basé à Paris, l'autre à Berlin. Ensemble, ils entendent bâtir une alternative européenne solide aux mastodontes de la recherche en ligne que sont Google et Microsoft Bing. Qwant et Ecosia, qui misent respectivement sur la sécurité et l'écologie, s'associent pour établir un index de recherche entièrement européen.
Il s'agit de la base de données qui constitue la principale infrastructure technique permettant aux moteurs de recherche de fonctionner. Elle contient des informations sur les pages Web, leurs contenus, leurs liens, etc., s'avérant essentiels pour qu'un moteur puisse proposer des résultats pertinents.
Des données pour l'IA
Problème, les deux plateformes européennes s'appuient aujourd'hui sur les technologies de Google et de Microsoft Bing, qui vient justement d'augmenter le prix de son API. « Nous sommes des entreprises européennes et nous devons construire une technologie qui garantisse qu'aucune décision d'un tiers - par exemple, la décision de Microsoft d'augmenter les coûts d'accès à son API de recherche - ne puisse compromettre notre activité », estime Olivier Abecassis, P.-D.G de Qwant, dans un entretien accordé à CNBC.
Le développement et la maintenance d'un index de recherche complet sont des tâches extrêmement coûteuses et complexes, nécessitant d'importants investissements en infrastructure et en algorithmes. Mais visiblement, les deux services européens estiment que le jeu en vaut la chandelle.
Car les enjeux sont nombreux. Mettre au point un tel système permettra à Ecosia et Qwant de bénéficier d'un « pool de données transparent et sécurisé » pour développer de nouvelles fonctionnalités d'intelligence artificielle (IA), de plus en plus incorporées dans les moteurs de recherche. Or, les fournisseurs comme Google et Microsoft risquent de restreindre l'accès à leur technologie, alors que le domaine de l'IA devient plus compétitif.
Souveraineté européenne
Il est aussi question de souveraineté européenne, à l'heure où les relations avec les États-Unis risquent de s'envenimer en raison de l'élection de Donald Trump. « Il ne s'agit pas d'une attaque contre les États-Unis ou les entreprises américaines. Il s'agit de la souveraineté de nos affaires et de nos entreprises », assure Olivier Abecassis.
Ainsi, ce nouvel index sera « axé sur la protection de la vie privée », et basé sur les technologies de Qwant. Les deux entreprises invitent d'autres acteurs européens du secteur à rejoindre leur initiative.
29 octobre 2024 à 18h03
Sources : CNBC, TechCrunch