Google fait encore l'objet de controverses et cette fois, c'est le moteur de recherche DuckDuckGo qui sonne l'alarme et lance un appel à la Commission européenne.

DuckDuckGo

Décidément, Google est pris à partie de tous les côtés. En fin de mois dernier, Microsoft pointait la position antitrust du géant californien sur le marché de la recherche en ligne en détaillant les diverses pratiques de manipulation et de lobbying de la société. Aux États-Unis, le département de la Justice vient de jeter un pavé dans la mare et ne demande pas moins que le démantèlement de la société, notamment via la revente du navigateur Chrome. Sur le Vieux Continent, Qwant et Ecosia ont décidé de s'unir et de mieux s'armer pour se positionner frontalement contre le moteur de recherche américain.

Une rétention des données pour bloquer la concurrence

Spécialisé dans la vie privée des internautes, le moteur de recherche DuckDuckGo entre dans la danse et lance un appel à la Commission européenne sur la mise en pratique du Digital Market Act. L'entrée en vigueur du DMA s'est pour l'heure principalement concrétisée par l'ouverture des systèmes d'Apple. Mais le gros morceau reste Google. Or, la firme de Mountain View n'a toujours pas été sanctionnée pour ses diverses pratiques.

Kamyl Bazbaz, vice-président chargé des affaires publiques chez DuckDuckGo, tient à remettre les pendules à l'heure et explique, sur le blog de la société, que la justice américaine a mis en évidence un point crucial : 70% des requêtes enregistrées chez Google proviennent des terminaux, services et applications sur lesquels Google est configuré comme moteur de recherche par défaut. Cela laisse donc peu de place à la concurrence.

Pour DuckDuckGo, Google ne respecte pas l'Article 6(11) du Digital Market Act. Celui-ci vise très précisément Google en demandant que l'entreprise fournisse à ses concurrents " les données concernant les clics, les recherches, les vues et la voix". Or la réponse de Google, qui s'est traduite par la publication d'un programme baptisé Google European Search Dataset Licensing, serait inutile, selon DuckDuckGo. Cette base de données n'inclurait que les requêtes recherchées plus de 30 fois au cours des 13 derniers mois par une trentaine de personnes distinctes. Environ 99% des requêtes opérées sur Google ne figureraient pas dans cet index.

Google Mountain View siège logo

Cet base semble être un point pourtant crucial pour la compétition. Interrogé par nos soins cette semaine, le PDG de Qwant Olivier Abecassis expliquait justement que pour son moteur européen concocté en partenariat avec Ecosia, il comptait l'exploiter. Il affirmait ainsi : "le DMA prévoit que Google fournisse des données de clics des utilisateurs, nous permettant ainsi de mieux analyser les liens les plus pertinents pour répondre à une requête. Ainsi, nous pouvons entraîner un index sur la base de ces données de requêtes".

Des manœuvres pour bloquer les utilisateurs

Selon DuckDuckGo, Google ignore aussi l'article 6(3) du DMA selon lequel, l'entreprise doit implémenter un dispositif permettant à l'utilisateur de changer facilement le moteur de recherche configuré par défaut. Si cet écran est bien présent, il n'a en revanche pas réellement évolué après la mise en place du DMA. Enfin, l'article 6(4) du DMA aurait également été survolé. Ce dernier stipule qu'un choix soit aussi présenté aux utilisateurs suite au téléchargement d'une application de recherche ou d'un navigateur web.

Kamyl Bazbaz souligne en effet : "Malgré cette obligation, le changement de moteur de recherche sur les appareils Android (qui représentent plus de 60 % du marché mobile dans l'UE) n'est toujours pas 'facile'. Avant l'entrée en vigueur du DMA, il fallait plus de 15 étapes pour changer votre moteur de recherche par défaut sur Android et c'est toujours le cas aujourd'hui."

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