Une personne a été mise en examen à Paris, vendredi, pour des transferts illégaux de technologies de semi-conducteurs vers la Chine et la Russie. L'individu aurait dévoilé des secrets industriels.
À l'heure où la France, accompagnée de l'Allemagne et de la Suède, pousse un cri du cœur pour fabriquer des batteries électriques en Europe et sortir de la dépendance envers la Chine, voilà qu'éclate une affaire d'espionnage économique. Cette fois, c'est le secteur des semi-conducteurs qui est touché. Un individu de nationalité chinoise, d'une trentaine d'années, a été mis en examen vendredi pour des soupçons de transferts illégaux de secrets industriels, qui impliqueraient la Chine et la Russie, qui ont pu en profiter.
Des mises en examen qui se multiplient pour espionnage technologique
L'AFP, et avant elle Le Parisien, fait la lumière sur l'affaire baptisée « Ommic », du nom d'une société française spécialisée dans les puces électroniques, dont le nombre total de mises en examen est porté à cinq désormais depuis 2023, avec deux Français et trois Chinois. Les investigations ont révélé un schéma d'espionnage sophistiqué, où des secrets industriels hautement stratégiques auraient été sciemment livrés à des puissances étrangères.
Le nitrure de gallium, un matériau qui permet de démultiplier la puissance des semi-conducteurs ainsi que la taille des batteries, dont nous avons d'ailleurs déjà parlé sur Clubic, constituerait le cœur de ce dossier sensible.
Le montage, lui, implique un homme d'affaires chinois, Ruodan Z., qui a racheté Ommic en 2018, et son directeur général, Marc R. Les enquêteurs soupçonnent la mise en place de stratagèmes complexes pour contourner les réglementations et transférer des technologies interdites, potentiellement destinées à équiper les industries militaires chinoises et russes. D'autant plus que Marc R a déjà été mis en examen, en 2023, pour avoir aidé une puissance étrangère, en lui transmettant des fichiers ou documents.
La Russie et la Chine soupçonnées d'avoir pioché
La justice a confirmé les charges contre les deux suspects, notamment pour « association de malfaiteur » et « complicité d'abus par dirigeant ». Autant dire, donc, que c'est du sérieux. Les investigations mettent carrément en lumière un réseau transnational de transferts technologiques, qui serait basé sur des mécanismes d'investissement et de contournement particulièrement élaborés.
Les implications de cette affaire vont bien au-delà du simple cadre industriel et commercial. Il faut dire que les technologies de semi-conducteurs représentent aujourd'hui un enjeu stratégique crucial, de souveraineté notamment, au carrefour des technologies militaires et civiles. Le transfert de telles technos vers des pays sous embargo pourrait constituer une menace significative pour les intérêts économiques et de sécurité nationale, et les mots sont faibles.
Plus concrètement, l'enquête met le doigt sur la manière dont les entreprises technologiques peuvent être instrumentalisées dans des stratégies géopolitiques complexes. Les mécanismes de contournement utilisés, notamment via la Chine pour livrer du matériel à la Russie, démontrent la sophistication des réseaux d'espionnage économique contemporains. Une porte ouverte qu'il va très vite falloir refermer.
Source : Le Parisien